« La France périphérique ». Nous, Français, c’est comme cela que nous avons pris l’habitude d’entendre parler des villes sous-préfectures et moyennes. Nous, élus de la République, c’est comme cela que nous avons pris l’habitude de nous voir imposer des décisions depuis Paris. Des décisions qui, sans tomber dans la caricature, restent parfois très largement déconnectées des enjeux du terrain et du réel. Au fil des décennies, nous nous y sommes faits, à voir nos villes être considérées comme « périphériques », comme un espace qui aurait été éjecté de l’espace sociopolitique, subissant inexorablement le temps qui passe.
Désindustrialisation, déclin des centres-villes, désertification médicale, les villes sous-préfectures sont aujourd’hui les premières victimes de l’évolution de notre pays des soixante dernières années. On nous dira que c’est le sens de l’histoire. L’abandon de la politique d’aménagement du territoire – alors qu’il faudrait une politique de développement des territoires – faisant des villes de sous-préfectures une sorte d’arrière-pays (résidentiel ou non) des métropoles.
Les conséquences : fermeture de lignes ferroviaires, déprise immobilière et vacance de logements, grande difficulté des centres-villes, multiplication des friches industrielles. Ces villes sous-préfectures constituent pourtant le cœur industriel, économique, régalien, touristique, social de notre pays.
Ces villes sont inscrites dans la chair de notre géographie, de notre pays. Chefs-lieux d’arrondissement, elles en constituent l’âme. C’est la France des routes départementales, des associations, des brocantes, des églises. Ce n’est pas la France des mégalopoles et des capitales, mais c’est la France qu’on aime, la France qu’on a au cœur.
Ne baissons plus la tête
Les premières victimes de l’abandon depuis des décennies de nos villes sous-préfectures, ce sont nos classes moyennes. Cette France qui se lève tôt, cette France qui veut s’en sortir, qui a aussi l’ambition d’être utile, qui ne demande rien à personne, mais qui s’émancipe, par sa volonté, son mérite, ses valeurs, ses croyances, sa volonté.
Je vous propose de ne jamais plus vous y faire. Aujourd’hui, villes et habitants de sous-préfectures, ne baissons plus la tête. Pour poser la première pierre de ce chantier capital, les 4 et 5 novembre, nous avons organisé, à Châteaudun, la première édition du congrès pour le développement des villes moyennes et sous-préfectures. Autour d’élus locaux, d’universitaires, de médecins et de présidents de commissions médicales d’établissements, nous avons échangé pour la réindustrialisation, la mobilité, la promotion de nos hôpitaux de proximité, le développement d’une écologie positive, l’augmentation de la taille et du rôle des sous-préfectures (Etat déconcentré), l’amélioration des politiques de santé, le déploiement de l’ingénierie et des compétences sur l’ensemble du territoire.
Cette France des sous-préfectures, riche de sa jeunesse, forte de son histoire, assoiffée d’envie d’agir, nous devons la défendre et la promouvoir. Sa place dans l’avenir doit être grande, car c’est celui de notre société et de notre République qui s’y joue.
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