Ruissellement des métropoles, fractures territoriales, revanche des villes moyennes, France périphérique… Autant de slogans troussés pour marquer les esprits, qui inondent ces derniers mois et années tant les pages des journaux que les programmes des colloques universitaires. Et qui éclipsent de véritables réflexions sur l’aménagement du territoire au XXIe siècle.
Dernière formule à la mode depuis la crise sanitaire, le grand déménagement des Français, qui fuient les métropoles bruyantes et invivables pour s’installer dans des villes petites et moyennes, offrant sérénité et verdure. Le tout, de préférence, à moins de deux heures de Paris en TGV.
Réalité complexe
Les travaux présentés lors d’un colloque organisé par l’Agence nationale de la cohésion des territoires, le 3 février, ont montré, une fois de plus, que la réalité est toujours plus complexe que les classifications qu’on veut lui appliquer.
Plusieurs chercheurs présentaient leurs travaux sur les mobilités résidentielles des Français. Olivier Bouba-Olga, économiste et chef du service « études et prospective » de la région Nouvelle-Aquitaine, a examiné les inscriptions dans les écoles et collèges au niveau national pour tenter d’identifier d’éventuels mouvements de population depuis 2020 et la crise sanitaire. Sa collègue Aurélie Delage, géographe à l’université de Perpignan, a enquêté auprès d’agences d’urbanisme situées dans la « France périphérique ».
Tendances
Tous deux arrivent à la même conclusion : il n’y a pas de grand déplacement pour le moment. Des mouvements amorcés avant la crise semblent confirmer l’attrait plus fort pour certaines villes moyennes, pour des zones périurbaines, mais sans que cela soit massif, ni ne touche toutes les villes de la même strate. Par ailleurs, certaines métropoles restent très attractives, d’autres moins.
En ces temps de campagne présidentielle, il est urgent de prendre en compte ces tendances, sans en faire l’alpha et l’oméga des politiques d’aménagement du territoire. Ce n’est pas d’un secrétariat d’Etat aux villes moyennes que l’on a besoin, mais de sortir d’une pensée unique. Et pourquoi pas, dans un prochain gouvernement, un ministère de la diversité des territoires ?
Thèmes abordés