Réformer l’Etat et l’action publique, supprimer l’ENA… Comme ses prédécesseurs, Emmanuel Macron avait dressé, lors de sa campagne électorale de 2017, un constat d’échec de l’administration (la haute, en particulier).
La crise des « gilets jaunes » avait montré, elle, la rupture de confiance entre une grande partie de la population et l’appareil d’Etat (politique et administratif). Emmanuel Macron avait redécouvert, à la faveur du grand débat, les élus locaux. Quelques mois plus tard naissait le projet de loi « 3D », puis « 4D ».
Las, il ne sera pas, de l’aveu même de la ministre Jacqueline Gourault, « une grande loi de décentralisation » par laquelle l’Etat aurait redéfini son rôle.
Au contraire ! Après les « gilets jaunes », le gouvernement a mis sous contrôle les finances des grandes collectivités avec les contrats de Cahors et réduit à néant, ou presque, l’autonomie fiscale des collectivités. La crise sanitaire aurait pu voir naître une nouvelle coopération entre l’Etat et les pouvoirs locaux. Il n’en sera rien. L’Etat imposant sa mainmise sur les politiques de santé publique et rejetant, souvent, la main tendue des collectivités.
Verticalité du pouvoir
Malgré les opportunités, l’Etat a donc réaffirmé la verticalité du pouvoir, et son omnipotence. Contre le diagnostic présidentiel, et contre toute évidence. Car, du programme Action publique 2022, il ne reste pas grand-chose, tandis que la réforme de l’ENA se résume (on caricature à peine) à un changement de nom, pas à la hauteur de la sclérose du système (conformisme de pensée, reproduction des élites, rente de carrière…).
« L’Etat est en crise », écrit le collectif Hic et Nunc dans une note pour la Fondation Jean-Jaurès. Trop de normes, trop de doublons avec les collectivités, trop de réunions interministérielles improductives, des services déconcentrés en réorganisation permanente et qui ne s’autorisent plus à décider quoi que ce soit. A ce niveau de dysfonctionnements, l’Etat n’est plus en crise, il est impotent.
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