Comment la sphère publique s’est emparée du « nudge », ce petit « coup de coude » visant à inciter sans contraindre, c’est-à-dire à influencer le comportement des citoyens ? C’est tout l’objet de l’ouvrage d’Audrey Chabal, journaliste économique indépendante, qui publie « Souriez, vous êtes nudgé, comment le marketing infiltre l’Etat », aux éditions du Faubourg.
Les nudges sont aujourd’hui loin de se cantonner à l’exemple le plus emblématique, la mouche au fond de l’urinoir permettant de réduire les frais de ménage liés aux éclaboussures.
Audrey Chabal a en effet retracé l’usage grandissant des sciences comportementales dans les politiques publiques, par exemple via le département des sciences comportementales de la DITP, et le dernier grand tournant qu’a constitué la pandémie, terreau propice aux nudges en tous genres pour orienter nos comportements, avec l’invention de termes comme masques « grand public », le déploiement de visuels et marquages au sol pour inciter au respect de la distanciation physique…
Un outil sur lequel se positionnent aussi des acteurs privés tels que BVA et auquel l’Etat paternaliste peut décider de recourir quand il se sait dépassé, comme lors de la pénurie de masques et de gel hydroalcoolique ou encore de vaccins.
A travers de nombreuses interviews et d’exemples éclairants apparaissent les limites d’une approche centrée sur le nudge, qui risquerait de n’être que la « rustine » de nos politiques publiques. Une enquête qui renseigne en tout cas sur l’usage par les acteurs publics de cet outil aux multiples écueils, et qui invite à ramener de la transparence et du pouvoir d’agir entre les mains des citoyens.
Qu’est-ce que le « nudge » et à quoi sert-il ?
Il s’agit d’un terme anglais qui signifie « donner un coup de coude ». Cela signifie, en fait,
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