« Les conditions préconisées par le conseil scientifique vous semblent-elles réunies pour tenir les élections les 13 et 20 juin ? » Pour une majorité des 35 000 maires de France qui ont dû répondre à cette question pendant le weekend, il faut maintenir les élections départementales et régionales au mois de juin, malgré la crise sanitaire actuelle.
Le « oui » a obtenu 56% des suffrages contre 40% pour le « non » avec une forte participation de près de 70% des édiles (24 257 réponses, voir les résultats détaillés au bas de l’article). Mais la consultation éclaire par mail ou SMS, lancée vendredi soir par le gouvernement, a mis le feu aux poudres. « Manœuvre », « manipulation », l’opposition de droite comme de gauche n’y voit qu’une nouvelle stratégie pour reporter les scrutins. Et du côté des principales associations d’élus, ce sondage, perçu comme un signe de défiance, ne passe pas non plus.
Dans un courrier daté du 9 avril, l’Association des maires de France dénonce « une consultation précipitée, du vendredi soir pour le lundi matin », et une « méthode inappropriée pour traiter une question de cette importance ».
Courrier de l'AMF sur la consultation des #maires par le gouvernement relatif au report des #élections prévues en juin #Collterr https://t.co/DX7nYtr5zC pic.twitter.com/NVCAYEdJH9
— AMF | maires de France (@l_amf) April 10, 2021
« Verdict des urnes »
Au-delà de la forme, l’AMF n’est pas avare de critiques sur le fond. D’autant que les maires de France ont aussitôt fait connaître au Premier ministre leur avis favorable au maintien du scrutin « dès lors que son organisation garantit la sécurité sanitaire des électeurs et des personnes participants aux opérations de vote, conformément à l’avis du conseil scientifique », rappellent-ils. Ils estiment que, « s’il est toujours légitime que l’Etat prenne l’avis des maires, dans ces circonstances, cet avis ne doit pas faire porter aux maires la responsabilité d’une décision qui relève entièrement de l’Etat ». Et d’ajouter que ce second report « scellerait un échec de la protection sanitaire dont l’Etat a la seul charge ». De plus, face à l’augmentation du taux d’abstention, « il serait paradoxal d’envoyer aux électeurs un signal consistant à relativiser relativisant l’importance de deux élections de portée nationale en les reportant pour une seconde fois ».
Comme pour enfoncer le clou, Territoires Unis, qui rassemble l’AMF, l’Assemblée des départements de France (ADF) et Régions de France évoque dans un communiqué diffusé ce lundi 12 avril « une consultation rocambolesque » et un « pathétique aveu d’échec ». « Le Président de la République a annoncé un calendrier de réouverture du pays dès le début du mois de mai, et on ne pourrait pas aller voter en juin ? Le gouvernement n’a donc à ce point pas confiance en sa stratégie vaccinale ? » s’interroge le collectif. Derrière la problématique du calendrier, Territoires Unis voit tout simplement la crainte du « verdict des urnes ».
[CP] #TerritoiresUnis « Le report des #élections : échec de la stratégie vaccinale et/ou calcul politique ? »@Dbussereau @francoisbaroin @RenaudMuselier @ADepartementsF @l_amf @Regionsdefrance
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« Des conditions de vote impossibles à mettre en œuvre »
D’autres voix se font entendre, estimant que ces élections doivent être reportées pour des questions purement pratiques d’organisation du scrutin. Dans son avis rendu le 29 mars, le conseil scientifique recommande notamment de solliciter des personnes jeunes et vaccinées, ou testées le cas échéant, pour la tenue des bureaux de vote. « Des conditions inacceptables » et « impossible à mettre en œuvre » qui créent « un environnement incompatible avec la sérénité de l’organisation du scrutin », a fait valoir Michel Fournier, maire des Voivres (Vosges) et président de l’Association des maires ruraux de France, a fortiori dans les communes rurales où il peut être compliqué de trouver des assesseurs, dans un courrier adressé au Premier ministre. Même avis pour le maire DVD de Chartes, Jean-Pierre Georges. Rappelant la complexité, sur le terrain, de rassembler suffisamment d’assesseurs, il juge que cela relève du défi dans le contexte actuel.
Un argument qui ne tient pas selon l’Association des petites villes de France. Interrogé sur France info, Christophe Bouillon propose d’élargir les horaires des bureaux de vote, comme préconisé par le conseil scientifique, ou d’envisager des bureaux en extérieur. « Il ne faut pas reculer encore plus loin le scrutin. Cette période d’élection retient aussi un nombre de décision, notamment de la part des départements et des régions, cela empêche parfois le financement de projets ».
Le Premier ministre Jean Castex doit s’exprimer sur le sujet devant les députés ce mardi 13 avril, et devant les sénateurs le lendemain.
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