Nous vivons dans un monde désormais différent de celui dans lequel est né et s’est développé notre système économique, politique et social (1). Le climat actuel est le plus chaud jamais connu depuis le début de l’agriculture. Dans ces conditions inédites, un scénario pessimiste pourrait élever jusqu’à cinq degrés supplémentaires les températures d’ici à 2100.
Cette amplitude est du même ordre de grandeur que les transitions entre périodes glaciaire et interglaciaire, qui se sont effectuées dans le passé sur plusieurs milliers d’années. Le changement climatique affectera également les ressources en eau, la fréquence et l’intensité des tempêtes. En France, chaque citoyen a une empreinte carbone moyenne cinq fois plus importante que l’objectif de l’accord de Paris (2015, ndlr). Il est urgent de relever le défi de limiter l’augmentation des températures, notamment au niveau des territoires. Le cadre réglementaire renforcé contribue à inciter et à encourager les investissements « climat». Toutefois pour atteindre la neutralité carbone, « la France devra orienter entre 15 et 18 milliards supplémentaires chaque année d’ici à 2023 vers la transition » (« Panorama des financements climat », I4CE, édition 2019).
Anticiper les évolutions du climat
Les collectivités locales ont également intérêt à anticiper les évolutions du climat, en intégrant systématiquement le paramètre « changement climatique » dans les stratégies et les décisions – Sraddet, PCAET, SNBC (2). Un des principaux leviers de réussite sera de penser l’aménagement de façon dynamique, en intégrant la solidarité au sein des territoires.
Comment trouver les leviers et les partager ? Julien Dossier propose, à partir de la fresque d’Ambrogio Lorenzetti (Sienne, 1338), un « plan guide » avec 24 chantiers pour penser la complexité et créer des fonctions reproductibles selon les territoires (« Renaissance écologique », éditions Actes Sud Colibris, 2019).
Bassin de vie élargi
Si les villes ne sont responsables que d’une faible part des émissions du territoire, elles peuvent influer en mobilisant les acteurs sur leur bassin de vie élargi. Ainsi la ville de Paris a engagé différentes actions : 15 000 volontaires du climat et une charte d’engagement proposée aux entreprises sur des priorités identifiées parmi les 17 objectifs de développement durable de l’ONU.
La transition écologique constitue une politique éminemment transversale. « L’enjeu au sein des administrations est de trouver les leviers pour impliquer et mobiliser l’ensemble des agents, afin d’influer sur les 90 % d’émissions ne relevant pas des champs directs de compétence de la collectivité. Pour sensibiliser le grand public, le bon moyen passe par la communication plus que par l’expertise » (Cédric Ghesquières, DGA « haute qualité de vie », Bordeaux métropole).
C’est le portage politique qui reste le moteur de l’action et qui permet de déclencher de véritables mutations territoriales : l’enjeu est d’impliquer chaque citoyen, de mettre en place des actions quotidiennes et de faire naître le désir commun de ne pas subir la « grande transition des territoires.
Notes
Note 01 Cet article se base sur un séminaire relatif au renouvellement des territoires, organisé du 20 au 22 janvier à l’Inet avec Florian Gallo et Violaine Lepousez (Carbone 4), Vivian Dépoues (I4CE), Julien Dossier (Quattrolibri), Elsa Meskel (ville de Paris) et Cédric Ghesquières (Bordeaux métropole). Retour au texte
Note 02 Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires, plan climat-air-énergie territorial, Stratégie nationale bas carbone, ndlr. Retour au texte