Jusqu’ici, les choses se gèrent mais on sent de la tension chez tous les interlocuteurs. Les services de protection de l’enfance se trouvent dans une situation déjà difficile en ces premiers jours de confinement.
Personnel non prioritaire
Alors que les enfants placés ne vont à l’école – comme tous leurs camarades – depuis lundi 16 mars, les établissements les accueillant n’avaient pas toujours le nombre d’encadrants disponible pour les surveiller tout au long de la journée. Les plannings n’étaient pas prévus, les enfants ne devant pas être dans les locaux…
Mais surtout, les travailleurs sociaux, et notamment les éducateurs spécialisés présents dans les foyers, ne sont pas considérés comme des agents prioritaires. Contrairement aux personnels soignants des hôpitaux et établissements médico-sociaux ou aux pompiers, impossible pour eux de laisser leurs propres enfants à l’école pour aller travailler…
Dès le weekend, les appels à la solidarité ont été nombreux sur les réseaux sociaux pour que des volontaires se fassent connaître.
Premières difficultés
« Nous avons fait remonter très tôt le problème et demander qu’elles étaient les mesures prévues pour la protection de l’enfance », indique-t-on du côté de l’Assemblée des départements de France (ADF).
Le secrétaire d’Etat a tenu un point téléphonique avec des représentants d’associations, le 17 mars.
Réunion 📞 avec les représentants des structures collectives de #ProtectionDeLEnfance.
Une remontée unanime : la mobilisation exceptionnelle des professionnels.
Merci à chacun d’entre eux pour leur engagement auprès des enfants protégés dans cette situation sensible.#COVID19 pic.twitter.com/2fWak5I9tO
— Adrien Taquet (@AdrienTaquet) March 17, 2020
Les responsables associatifs ont pu mettre en avant les difficultés : selon la déléguée nationale du Groupe national des établissements publics sociaux et médico-sociaux (Gepso), Jeanne Cornaille, 10 à 20% des personnels manquaient à l’appel le lundi 16 mars…
Internats prévus
Dans l’Allier, le conseil départemental a « identifié les risques », mais, pour l’heure, l’absentéisme reste sous contrôle. Mais des mesures exceptionnelles ont été mises en place : « des travailleurs sociaux ont pris, avec l’accord du tribunal, des enfants placés chez eux », explique Nans Mollaret, le DGA Solidarités. Mais joindre le tribunal est, dans certains départements, devenu impossible, souligne l’ADF.
Au-delà de la situation dans les établissements, il faudra peut-être aussi venir en soutien d’assistants familiaux « qui peuvent être malade », rappelle le DGA. Le département prévoit ainsi la réquisition des internats de collège, pour y loger des enfants en cas de besoin.
Les Mineurs non accompagnés (MNA) pourraient ainsi être les premiers concernés. Ils sont nombreux à être logés en temps normal en hôtel. Dans l’Allier, certains ont dû être déplacés pour libérer les établissements désormais destinés aux personnels hospitaliers. Dans la Mayenne, ils sont hébergés entre appartements et maisons d’accueil. « Pour la restauration, ils mangeaient dans les foyers de jeunes travailleurs, qui ont été fermés, rapporte Olivier Richefou, le président du département. Nous avons donc fait le choix de prendre un prestataire externe qui livre à chaque lieu d’accueil des MNA les repas une fois par jour : chaud pour le midi et un repas froid prévu pour le soir. »
Craintes pour les enfants maltraités
Avec le confinement, les associations craignent pour les enfants maltraités. Ils sont effectivement actuellement confinés avec leurs bourreaux. Et les visites à domicile par les travailleurs sociaux des conseils départementaux ont été suspendus. Les professionnels craignent donc une recrudescence des violences.
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