Le gouvernement aurait-il un problème avec la décentralisation ? Il marque, en tout cas, une certaine constance à ignorer les particularités de la FPT (1,9 million d’agents tout de même) et les pouvoirs des quelque 520 000 élus locaux, dans ses projets de réforme.
Le retour en grâce des territoires post-grand débat a fait long feu. Déjà, la loi de transformation de la fonction publique répond, surtout, aux besoins de l’Etat. Ensuite, les représentants territoriaux n’ont pas été, ou peu, consultés lors de l’élaboration des projets de loi de réforme des retraites ; puis pas invités du tout à la conférence de financement de la même réforme.
Détricoter la décentralisation
La mission « Thiriez » sur la haute fonction publique, qui a rendu ses travaux le 18 février, s’inscrit peu ou prou dans la même veine.
Philippe Laurent, président du CSFPT et animateur de la Coordination des employeurs territoriaux, et François Deluga, président du CNFPT, n’ont pas de mots assez durs pour dénoncer rien moins qu’une volonté de « détricoter la décentralisation », pour le premier, et « la confiscation de l’Inet », pour le second.
De fait, certaines propositions du rapport illustrent à merveille comment les hauts fonctionnaires de l’Etat (Frédéric Thiriez en est issu) tiennent pour quantité négligeable, par méconnaissance, par défiance, ou les deux, ce qui n’est pas l’Etat en général, et les collectivités locales en particulier.
Une réforme incomplète
Ainsi de la fusion des cadres d’emplois d’administrateur territorial et d’ingénieur en chef, non étayée. Ou du fameux tronc commun de formation qui n’embarquerait que les administrateurs territoriaux, excluant ainsi les conservateurs, ingénieurs, médecins… Un oubli, sans doute.
Pour être juste, tous les acteurs territoriaux ne rejettent pas en bloc le rapport « Thiriez ». Il va dans le bon sens sur certains points, salue Clothilde Fretin-Brunet, vice-présidente de l’AATF (administrateurs territoriaux), qui espère encore des améliorations lors des prochaines étapes de cette réforme.
Mais à ce stade, elle est, au mieux, incomplète, s’agissant de la fonction publique territoriale. Une fois encore.