Le feu vert du Parlement, le 10 avril, ne change rien à l’affaire. La fronde ne cesse d’enfler contre la privatisation d’Aéroports de Paris (ADP). Des parlementaires issus des partis de gauche, de droite et du centre ont atteint, le 8 avril, le quorum qui leur permet d’enclencher la procédure de référendum d’initiative partagée. Pour que la cession des 50,6 % de l’Etat soit soumise à l’approbation du peuple français, ce front anti-Macron devra, entre autres, recueillir 4,7 millions de paraphes.
Les élus d’Ile-de-France aussi veulent avoir leur mot à dire sur la dynamo de leur région, propriétaire foncier de tout premier plan (6 700 hectares au total). Lors de la discussion du texte, ils ont obtenu quelques garanties. Ils ont décroché la possibilité d’entrer au capital d’Orly, de Roissy et du Bourget, sans décret préalable du Conseil d’Etat. Une piste qui porte la marque des départements des Hauts-de-Seine et des Yvelines. Les deux collectivités ont monté un pool avec le fonds Ardian afin de prendre 29,9 % des parts d’ADP. Une manière d’éviter que Vinci fasse main basse sur ADP et s’adresse, comme pour les autoroutes, aux pouvoirs publics uniquement lorsqu’il s’agit de réclamer des fonds…
Profit maximum
Les autres départements d’Ile-de-France, dont le Val-de-Marne communiste, envisagent de prendre part à cette initiative. La ville de Paris, elle-même, ne ferme pas cette porte. Mais des incertitudes demeurent. Quand l’Elysée ne se montre pas hostile à une vente à la découpe du capital de l’Etat, Bercy privilégie une cession en bloc de ces parts qui ferait rentrer davantage de subsides. Les collectivités maintiennent une pression maximale sur ce dossier.
Elles ont été échaudées par la cession, voici quatre ans, des parts que détenait l’Etat dans l’aéroport de Toulouse-Blagnac. « La privatisation a été mal engagée par le choix d’un montage complexe destiné à servir des intérêts contradictoires et d’un cahier des charges pas assez exigeant », résumait la Cour des comptes en 2018, dans un rapport consacré aux processus de privatisation des aéroports régionaux. La cour administrative d’appel de Paris est allée plus loin. Dans un arrêt en date du 16 avril dernier, elle annule la procédure de privatisation. Un coup de théâtre qui intervient alors que le groupe chinois Casil, qui a profité de l’opération, veut se séparer de ses parts (49,9 % du capital acquis pour 308 millions d’euros en 2015). Le tout après avoir perçu 30 millions d’euros de dividendes en quatre ans. Un imbroglio qui inquiète les élus locaux.
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