Une ancienne préfète qui revient dans son département d’exercice pour affronter l’élu lui ayant donné du fil à retordre. Tel est le scénario, dans l’Aveyron, du cru 2008 des sénatoriales. D’un côté, la radicale de gauche Anne-Marie Escoffier. De l’autre, Jean Puech, ex-président (UMP) du conseil général. Entre les deux natifs de 1942, une pomme de discorde : l’action de l’Etat entre 1999 et 2002.
Alors préfète de l’Aveyron, Anne-Marie Escoffier contrecarre les plans du président du conseil général. Elle impose des regroupements intercommunaux sans l’aval du grand élu. Elle encourage même, suprême offense, un projet de pays à cheval avec le Lot.
« Face à Jean Puech, qui considère son département comme une principauté et se pose en ennemi juré des gouvernements de gauche, elle a la rigueur des grands représentants de l’Etat », se souvient le premier magistrat socialiste de Saint-Affrique, Alain Fauconnier, à propos de l’ancienne ministre chargée de la Décentralisation de François Hollande.
Le code électoral muet
Egalement plutôt élogieux, l’ancien maire (UMP) de Millau, Jacques Godfrain, met un bémol. « Sa candidature, sur un territoire où elle a pris des décisions importantes seulement quelques années auparavant, est à la lisière du conflit d’intérêts. Le code électoral devrait interdire cette possibilité », juge l’actuel président de la Fondation Charles-de-Gaulle, évoquant aussi le mitterrandiste Philippe Martin, préfet du Gers de 1994 et 1995, qui préside le même département depuis 1998.
Tel était le cas aussi, dans le département de Lot-et-Garonne, de feu Michel Diefenbacher, représentant de l’Etat de 1994 à 1995, avant de devenir député en 2002 puis patron (UMP) du conseil général en 2004.
Parachutages acrobotiques
Bernadette Malgorn, préfète d’Ille-et-Vilaine et de Bretagne entre 2002 et 2006, a, quant à elle, fait un petit pas de côté. Conseillère régionale de 2010 à 2014, elle préside le groupe d’opposition municipale à Brest. « Je ne considère pas qu’il y ait de barrière entre mes anciennes et mes nouvelles fonctions, glisse l’élue (LR). J’essaie d’être discrète dans mes activités locales. Je ne vais pas embêter les anciens collègues. » Son exemple fait peu d’émules. Préfet du Var en 1999, Daniel Canepa (DVD) a bien tenté en 2014 de conquérir l’hôtel de ville de La Seyne-sur-Mer. En vain.
« Le préfet qui était accueilli à la gare par les cinq militants locaux, c’est fini, en conclut l’ancien représentant de l’Etat Pierre Monzani. Tout le monde tire maintenant sur le parachutiste avant qu’il n’ait touché terre. Quand ils veulent s’engager en politique, les préfets regardent le rapport avantages/emmerdements. Elu est devenu un métier terriblement ingrat, hélas. » « J’essaie d’être discrète dans mes activités. Je ne vais pas embêter les anciens collègues. »
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