Dans ses bureaux du VIIIème arrondissement, à quelques encablures de sa chère place Beauvau, Pierre Monzani a retrouvé de sa superbe. Le basculement de 27 conseils généraux de gauche à droite, signe sa renaissance.
Exit, 2012, cette annus horribilis marquée par la défaite de son champion, Nicolas Sarkozy. Envolée, cette terrible année durant laquelle le gouvernement « Ayrault » avait placé ce préfet « hors-cadre » et sans affectation.
Le directeur du club des départements de droite, l’Association de soutien pour l’exercice des responsabilités départementales et locales (ASERDEL), savoure sa revanche. En quête de DGS ou de collaborateurs de cabinet, les vainqueurs de mars ne jurent que par cet homme de réseau élevé à l’école « Pasqua ».
Voici deux ans que cet énarque littéraire et droitier a pris les commandes de l’ASERDEL. Pierre Monzani a transformé l’ASERDEL, surgie des limbes du passé, en une redoutable machine de guerre. C’est sous son égide qu’a été déclenchée la rafale de recours contre le redécoupage des cantons. C’est sous sa houlette et celle du président de l’association Eric Doligé (UMP), qu’a été menée la fronde contre une Assemblée des départements de France (ADF) jugée pusillanime.
Futur DGS de l’Oise
Avant les élections de mars, l’ASERDEL rassemblait déjà 37 des 40 conseils généraux présidés par la droite, le centre et les indépendants. Pierre Monzani y réunissait régulièrement les directeur généraux des services de ces départements. Désormais, se félicite-t-il, l’ASERDEL constitue « un centre de ressources humaines ».
« Elle dispose de réseaux parmi les administrateurs territoriaux, le corps préfectoral que je connais naturellement bien et le milieu des collaborateurs politiques qui ne m’est pas étranger non plus », détaille Pierre Monzani. De quoi se rendre incontournable ? « Chaque président est libre d’agir à sa guise. Je ne suis pas un deus ex machina », se défend le directeur de l’ASERDEL.
Mais selon Pierre Monzani, mieux vaudrait nettoyer les écuries d’Augias… « Force est de constater que les socialistes ont fortement politisé les administrations départementales… Or, il nous faut des administrations qui embraient sur le changement politique », exhorte-t-il. Heureusement, selon Pierre Monzani, « les choses vont vite ».
La remarque vaut notamment pour lui-même. Le nouveau patron de l’Oise, le député sarkozyste Edouard Courtial vient de le nommer DGS. « J’arrive à Beauvais jeudi. En attendant que la décharge de fonction de mon prédécesseur soit effective, je serai conseiller spécial auprès du président », confie-t-il.
Opposition frontale
Pierre Monzani a déjà fait ses adieux au Loir-et-Cher, où il officiait en tant que directeur de cabinet du président Maurice Leroy (UDI). L’occasion pour l’opposition locale de pointer ses absences. Le dircab était, d’après elle, davantage présent à l’ASERDEL qu’au conseil général.
A Paris, Pierre Monzani reste fidèle à ses fondamentaux. « Pour la présidence de l’ADF, il nous faut un président dynamique, représentatif et capable de mener le combat contre le gouvernement », avance-t-il. Dans son viseur : la réforme territoriale. « Avec son redécoupage des cantons, le premier depuis 200 ans, le gouvernement a manqué une occasion unique d’aligner les circonscriptions électorales sur les bassins de vie. Il a, ainsi, amplifié le fossé qui se creuse entre le peuple et les élites. »
Le diplômé de Normale Sup goûte par-dessus tout la bataille des idées. Après avoir dirigé le pôle universitaire Léonard de Vinci à La Défense (La « fac Pasqua » pour ses contempteur), il a tenu les rênes de l’Institut national des hautes études de sécurité (INHES, devenu l’INHESJ).
Pierre Monzani préside toujours La Droite Libre, un think-tank niché à l’aile droite de l’UMP. Dans une tribune publiée dans la revue d’idée du parti sarkozyste, Pierre Monzani vilipende le PS qui promeut « l’assistanat généralisé », « l’immigration incontrôlée », « la déculturation massive et accélérée de la France » ainsi que « la dissolution de ses racines morales et historiques ». Un discours pas forcément consensuel parmi les élus de la droite modérée qui font l’ordinaire des assemblées départementales.