La CGT peut-elle accepter un secrétaire général de section encarté au Front national ?
Au sommet, la réponse est non. « Les idées du FN n’ont pas leur place à la CGT », s’est indignée la fédération CGT des services publics dans un communiqué du 21 février.
Mais à la base, la majorité des 26 adhérents du syndicat de Nilvange a refusé de désavouer leur secrétaire général. Ce qui rend la situation totalement inédite.
C’est donc la fédération CGT des services publics, dont le siège est à Montreuil (93), qui sonne le rappel aux valeurs cégétistes. Verdict : suspension immédiate de l’affiliation du syndicat de Nilvange.
Du NPA au FN avec le soutien de ses camarades…
Le cégétiste et candidat frontiste, Fabien Engelmann, 31 ans, a indiqué qu’il « ne voyait pas d’incompatibilité entre ses convictions affichées et son engagement syndical ».
Il a ajouté qu’il était « passé du Nouveau parti anti-capitaliste (extrême gauche, ndlr) au nouveau Front national de Marine le Pen avec le soutien de ses camarades de section ».
Pour le secrétaire de l’union CGT de la Moselle, Denis Pesce, « il y a une opposition totale entre les valeurs de la CGT et les thèses du FN ».
La décision entraîne l’arrêt immédiat de toute activité CGT dans la collectivité.
Un Comité national fédéral se tiendra en avril 2011. Il statuera sur la situation de ce syndicat et les sanctions définitives à prendre. « Celles-ci pourront aller jusqu’à la dissolution dans l’hypothèse où un syndicat ne pourra d’ici là être reconstruit sur des bases conformes aux valeurs et orientations de la CGT, avec les syndiqués qui désapprouvent la dérive actuelle », précise la CGT-SP.
Plainte pour discrimination politique
L’adhérent a indiqué qu’il allait déposer plainte jeudi pour « discrimination politique » contre la centrale de Montreuil. « Mon avocat, Me Gilbert Collard, va déposer la plainte au nom de la liberté d’expression et contre la police de la pensée », a précisé à l’AFP Fabien Engelmann. « Cet adhérent a défendu publiquement les thèses du FN sur la préférence nationale, l’immigration comme cause du chômage et contre la régularisation des sans-papiers », s’était indignée la Fédération CGT des services publics dans un communiqué reçu à Metz. « La CGT n’appartient plus au Parti communiste français depuis 1989 », a répondu mardi Fabien Engelmann. « La CGT est un syndicat et n’a pas à se mêler de politique », a-t-il estimé, ajoutant que « des dizaines d’adhérents de la CGT soutenant ou ayant rejoint le FN allaient faire leur +coming out+ dans une ou deux semaines ».