Le gouvernement français parle de lutte contre le changement climatique, du respect de la biodiversité, d’expérience dans les services d’eau potable et d’assainissement, de défense contre les inondations, de protection du trait de côte… Bref, un catalogue impressionnant de bonnes intentions et de beaux discours.
Mais cette vision courageuse ne se traduit ni dans les faits ni dans les décisions. Bercy impose ses directives financières au ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, au nom de règles comptables annuelles non fondées, d’économies à court terme porteuses de risques majeurs tant sur le plan financier qu’environnemental.
Nous sommes déjà en retard dans l’application des directives européennes, nos collectivités ne dégagent plus de moyens financiers pour assurer la sécurité sanitaire des réseaux d’eau – pour la plupart vétustes -, pour réaliser leur interconnexion, pour prévenir des pénuries annoncées car les nappes souterraines n’ont jamais connu une telle fragilité.
Régime sec
Les agences de l’eau sont au régime sec, incapables de répondre à leurs missions faute de moyens humains et de capacités financières : cela est vrai depuis quelques années, cela est encore plus inquiétant pour 2018. La position actuelle du gouvernement va à contresens de tous nos engagements mondiaux et européens.
Le modèle français, qui a inspiré l’organisation de la gestion de l’eau dans de nombreux pays, meurt à petit feu en France. Et ce, parce que les inamovibles financiers de Bercy n’ont ni projet politique, ni conscience prospective des nécessaires investissements pour remédier aux défis de sécurité alimentaire et de santé publique, proposer des réponses structurées face aux menaces des inondations ou de la sécheresse, défendre le trait de côte et protéger nos rivages. Ils ont seulement une calculette et un regard comptable annuel, regard rivé sur les exigences européennes.
Aussi les élus des comités de bassin, après avoir été reçus par Nicolas Hulot qui avoue son impuissance face aux exigences de Bercy, en appellent-ils aux députés et sénateurs afin de ne pas déprécier les agences de l’eau, qui montrent au quotidien leur utilité et leur pertinence, et acceptent de soutenir l’Office national de la chasse et de la faune sauvage et l’Agence française de la biodiversité dans le respect de leur autonomie financière.
« L’eau paie l’eau »
Ils demandent donc aux parlementaires de déposer, soutenir et voter les amendements qui permettront le retour à l’esprit de la loi où « l’eau paie l’eau », où les redevances ne sont pas détournées de leurs finalités, où les « parlements de l’eau » sont respectés dans leurs choix partagés avec les consommateurs et les acteurs économiques et agricoles, où les enjeux écologiques structurants triomphent de la gestion quotidienne des contraintes extérieures. C’est aux élus de la Nation d’organiser par leur vote le retour à des redevances en synergie avec les missions historiques et nouvelles des agences de l’eau.
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