Au lieu de mutualisation et fusion, on devrait plutôt parler de recherche d’efficience et d’économies. Les DG et, globalement les agents, se sont lancés depuis trois années. Mais le constat est unanimement partagé : l’expertise manque encore bien souvent et les équipes de fonction support, bien que motivées, sont en sous-effectif. Et en souffrance … silencieuse.
La co-production, clé de la réussite
La mécanique de la lessiveuse « mutualisations / fusions » a été élaborée sans les acteurs de terrain. Elle a fatigué élus et DGS, même s’ils adhèrent au projet. Il faut donc désormais aller au-delà de la conception organique des organisations, pour donner du sens aux agents et impliquer les citoyens. Il s’agit d’enclencher une véritable co-production, en termes de géographie, d’économie, de social et de dynamique des acteurs.
Il faut désormais aller au-delà de la conception organique des organisations, pour donner du sens aux agents et impliquer les citoyens.
Essentiel mais oublié : le projet de territoire
Toute mutualisation ou fusion doit reposer sur un projet de territoire. C’’est pourtant là que le bât blesse. Car la France souffre de deux tares : d’une part, nous conservons une vision organique des projets, qui ne tient pas compte des identités ; d’autre part, chacun revendique, justement, une identité propre. En France, chacun s’affiche «différent».
Deux DG expliquent que c’est sur le terrain, et dans les collectivités, qu’il faut reprendre les rênes et, d’abord, regrouper les acteurs sur le territoire par l’identité commune et la spécificité.
Il faut reprendre les rênes et, d’abord, regrouper les acteurs sur le territoire par l’identité commune et la spécificité.
La première question à résoudre est vitale : »comprendre pourquoi on n’arrive pas à se comprendre ». Surmonter les différences culturelles est essentiel pour parvenir à faire travailler ensemble des entités diverses. Une démarche à entamer auprès des agents comme des élus, pour découvrir cette identité commune.
Un peu comme en marketing, tout projet de fusion ou de mutualisation devrait passer par la détermination d’un « positionnement ». Le projet de territoire doit être co-construit. Une étape d’autant plus nécessaire que « nous ne pouvons pas toujours compter, loin s’en faut, sur un portage politique, voire un portage administratif : souvent, il n’existe même pas de comité des DG, qui travaillent avec des élus pilotes » témoigne un DGS.
Les clés de réussite
Plusieurs pistes pour réussir une opération de mutualisation ou de fusion sont évoquées.
Il faut savoir se mettre à la place de la plus petite des communes, et de l’agent : « se mettre au diapason du plus petit dénominateur commun ». Petits, mais nombreux, les plus éloignés des prises de décision et, souvent de la commune-centre, doivent devenir acteurs et contributeurs du projet. Une étape essentielle est donc de développer un plan de communication, pour former les agents … ainsi que souvent les élus !
Une étape essentielle est donc de développer un plan de communication, pour former les agents … ainsi que souvent les élus !
Autre élément clé : lever les inquiétudes latentes. Fusion et mutualisation constituent pour les agents une vraie révolution, plus que pour les politiques. Les craintes viennent des agents dont les services sont transférés ou transférables. Il faut savoir très rapidement leur expliquer les enjeux, certes, mais aussi leur indiquer qui sera leur autorité hiérarchique.
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