Quel constat faites-vous sur cette rencontre, parfois difficile entre les collectivités et les start-up ?
C’est très simple : si une start-up veut faire du business avec le secteur public, il faut qu’elle soit meilleure que les autres, plus compétitive, et qu’elle propose quelque chose de différent. C’est le b.a.-ba. Evidemment, si elle reste dans son incubateur en attendant que son client public vienne la chercher… cela va être compliqué. Et si elle pense qu’être amenée dans le « sac » de grands comptes lui évitera la paperasse, elle se trompe également !
Les start-up doivent dépasser leurs craintes face aux marchés publics et cesser de se dire « c’est trop dur » ou « ce n’est pas pour moi ». Elles doivent être aidées : il y a un vrai besoin de formation chez ces « jeunes pousses » pour leur permettre de comprendre comment travailler avec le secteur public, appréhender les besoins spécifiques des collectivités et y répondre. Refuser de se former à ces rouages administratifs reviendrait à annoncer que l’on veut aller faire des affaires en Chine… mais en se passant de traducteur !
Les start-up doivent aussi savoir qu’elles ont la possibilité d’être proactives : elles ont le droit d’aller à la rencontre des collectivités pour présenter leurs produits, et expliquer les innovations qu’ils apportent. Les collectivités sont demandeuses de telles démarches. Pour résumer : « Bougez-vous ! »
Quel regard portez-vous sur la manière d’opérer des collectivités ?
Je leur dirais : « Le droit ne vous oblige pas à faire compliqué ! » Les collectivités ont un vrai devoir de simplification dans leurs procédures. Déjà, pour ce qui concerne les dossiers de candidature, en limitant à l’essentiel les exigences des informations demandées. Le recours au système « MPS » (marchés publics simplifiés) doit se répandre. Il permet de monter des dossiers de candidature sur la base du simple Siret [code Insee d’identification d’une entreprise ou d’un établissement, ndlr]. C’est un outil de simplification gigantesque.
Pour ce qui relève du dossier d’appel d’offres, il est temps d’arrêter de demander des mémoires techniques, qui sont une source de lenteur et de lourdeur considérables ! C’est comme si vous demandiez une thèse à un étudiant, sans qu’il ait la certitude qu’il sera pris à l’école ! En plus, ils ne sont pas utiles car on y retrouve beaucoup de « copier-coller ». Ce sont toutes ces habitudes, très chronophages, qu’il faut corriger dans les collectivités, car elles effraient les start-up et les PME. Propos recueillis par
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Start-up et territoires, un pari pour l'emploi
Sommaire du dossier
- Start up et territoires : le terreau est favorable aux jeunes pousses
- La collectivité-soutien de start-up : selon sa taille et ses moyens
- La collectivité-cliente : ouvrir les marchés publics aux start-up
- Start up et territoires : « Le droit n’oblige pas les collectivités à faire compliqué ! »
- Tiers lieux : état de l’art sur un mouvement de fond
- French Tech, la success story des territoires
- CES 2019 : mais que vont faire les collectivités territoriales à Las Vegas ?
- Paris encourage des start-up qui créent des solutions pour mieux vivre la ville
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