En 2014, le ministère de l’Economie, de l’industrie et de l’emploi souhaitait aider les start-up et donner, à l’international, l’image d’une France innovante. Il a donc créé la marque « French Tech », qui permet de fédérer des écosystèmes d’un même territoire.
A la marque correspond le label « Métropole French Tech », délivré pour un an à neuf métropoles en novembre 2014 et quatre autres en juin 2015. Le ministère examine actuellement les premiers labels accordés avant une éventuelle reconduction pour trois ans.
Le rôle des collectivités a été primordial pour fédérer les entreprises, les chercheurs, les associations, etc. « Nous avons repéré les têtes de réseau des différents “clusters” pour le web, les jeux vidéo ou les services informatiques, et nous les avons mis autour de la table pour partager une vision commune, repérer les forces et les faiblesses du territoire, ses perspectives à trois ans… Cela a permis de créer une cohésion, un esprit d’équipe, la fierté de revendiquer la marque “French Tech” », souligne Francky Trichet, adjoint au maire chargé de l’innovation et du numérique à la ville de Nantes.
Ensuite, les collectivités ont laissé les entreprises prendre la main sur la gouvernance, mais elles participent toujours en fournissant des locaux, une expertise et, bien souvent, des financements.
Un soutien financier
Car le label « French Tech » ne s’accompagne pas d’un système de subventions de l’Etat. De plus, c’est aux écosystèmes de s’organiser. « Nous avons alloué un budget spécifique de 520 000 euros par an pour Brest Tech + », souligne Michel Gourtay, vice-président (PS) chargé de l’économie de Brest métropole, qui table sur 25 000 emplois dans le numérique d’ici à 2025 (contre 16 000 actuellement) à Brest, mais aussi à Lannion, Morlaix et Quimper, qui l’ont rejointe sous la bannière « French Tech ».
Le soutien n’est pas seulement financier. « Nous sommes dans un accompagnement humain. Par exemple, lorsque je participe en tant qu’élue à un voyage à l’étranger avec les start-up, les autorités locales nous reçoivent, ce qui nous donne une visibilité et une crédibilité accrues », explique Chantal Marion, vice-présidente (DVG) de Montpellier Méditerranée métropole.
Les start-up ont en effet la possibilité, sous ce label, de participer à de grands salons internationaux. Elles étaient 66 au Consumer Electronic Show de Las Vegas, une soixantaine au Congrès mondial de la téléphonie mobile de Barcelone, fin février.
« Ce sont les entreprises qui indiquent les salons où elles souhaitent aller. En avril, nous serons plus de cent Nantais à Québec pour la Semaine numérique, qui est perçue comme une ouverture sur le marché américain », note Adrien Poggetti, chargé de l’animation de Nantes Tech.
Des métropoles attractives
Le label permet aux métropoles d’être plus attractives auprès des étudiants et des entreprises. « Il y a aussi un effet réseau qui facilite le financement des entreprises, grâce aux liens qui se sont tissés entre elles. Le label alimente le collectif », souligne Francky Trichet.
Selon lui, 30 millions d’euros ont été levés en 2015 sur son territoire contre six millions en 2014, et 1 661 emplois ont été créés en 18 mois. Un constat similaire à Lille : « Le nombre de levées de fonds pour les start-up a été multiplié par trois : il y en a eu 35 pour un montant de 40 millions d’euros en 2015 », se réjouit Akim Oural, conseiller (PS) de Lille métropole.
Certaines métropoles, comme Brest, ont fait le choix d’intégrer des entreprises traditionnelles. « L’idée est de transformer leur processus de production, de commercialisation, de qualité, à l’aune des technologies numériques », explique le délégué général de Brest Tech +, Eric Vandenbroucke. L’intérêt est double : aider les entreprises du territoire à se transformer et créer des débouchés pour les start-up.
Vers la constitution de réseaux thématiques
La mission « French Tech » a lancé un appel à candidatures le 21 janvier 2016 pour constituer des réseaux thématiques nationaux. Une démarche sectorielle complémentaire du dispositif des métropoles French Tech, qui cherchait des territoires présentant un certain nombre de projets. Quatre réseaux thématiques avaient été constitués en juin dernier : Angers pour les objets connectés, Saint-Etienne pour le design, l’Alsace pour la médecine et Avignon pour la culture. Les candidatures peuvent être déposées jusqu’au 11 avril. Les résultats devraient être annoncés d’ici à fin juin, le temps de regrouper les candidatures complémentaires ou très proches. Les réseaux seront créés pour deux ans, puis soumis à un renouvellement triennal.
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Start-up et territoires, un pari pour l'emploi
Sommaire du dossier
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