Dans un essai publié aux éditions Cent mille milliards, le député (LR) du Vaucluse Julien Aubert passe à la moulinette les idées reçues sur les édiles. « Les plus démagogues aimeraient mettre tout ce petit monde au Smic tout en regrettant que l’administration dirige la France en lieu et place des politiques », cingle-t-il. Dans un style canaille, le parlementaire tempête contre l’air du temps, « les joujoux participatifs » qui mettent en réseau de nouveaux « super-citoyens ». Et va jusqu’à prôner, « comme en Belgique », la déchéance de nationalité pour les citoyens qui s’abstiennent six fois de rang !
Pourquoi êtes-vous opposé à la proposition portée, à droite, par Bruno Le Maire, selon laquelle les agents publics devraient démissionner de la fonction publique à leur entrée au Parlement ?
C ette proposition s’appuie sur ce qui se fait en Grande-Bretagne. Mais outre-Manche, on ne perd pas le bénéfice du concours d’entrée et du statut de la fonction publique, car ils n’existent pas vraiment. En France, une démission forcée serait injuste. Demande-t-on à un député médecin de renoncer au serment d’Hippocrate ? A son collègue avocat d’être rayé du barreau ? Cette proposition est destinée à amener davantage de gens du privé que du public au Parlement, mais c’est oublier une troisième catégorie : les permanents politiques et les anciens assistants parlementaires, qui sont de plus en plus nombreux à l’Assemblée nationale.
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Les élus sont-ils trop payés ?
Quand le pays va mal, on s’attaque à tout ce qui peut être assimilé à un privilège. Cela tient à notre tradition d’égalité et à notre côté sans-culotte… Les électeurs ne sont pourtant pas à un paradoxe près. Ils veulent les meilleurs élus possibles, mais ils souhaitent les rémunérer le moins possible. Les trois quarts des maires touchent déjà moins de 1 000 euros par mois, alors même que c’est un job à part entière dans des petites communes sans beaucoup d’agents publics. Dans le même temps, on a, dans les grandes régions, 150 à 200 élus plutôt bien rémunérés [a minima 2 661,03 euros en principe dans les régions de plus de 3 millions d’habitants, ndlr]. Dans les départements, on a deux élus qui représentent le même territoire. Pourquoi ne fait-on pas en sorte que l’un siège au département, l’autre à la région ? Cela réduirait le nombre de représentants de ces deux échelons. Je suis partisan de moins d’élus, mieux indemnisés.
Que va changer, l’an prochain, la fin du cumul entre un mandat de parlementaire et une fonction exécutive locale ?
Avec les grands cantons et les grandes régions, les territoires les plus périphériques perdent déjà leur représentativité politique propre. La fin des parlementaires maires va encore affaiblir leur poids politique. La ruralité va être la grande sacrifiée. Le non-cumul ne revalorisera pas le Parlement pour autant. Ce n’est pas avec mes deux attachés parlementaires à mi-temps, à Paris, que je vais renverser la table face à un ministre qui arrive avec ses conseillers, ses chiffres et ses notes. Je souhaiterais donc transformer la réserve parlementaire, à hauteur de 130 000 euros en moyenne, en crédit collaborateur. De cette manière, un député disposerait d’un montant de 20 000 euros brut pour rémunérer ses assistants, soit le double d’aujourd’hui.
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