Les ruralités en crise
La ruralité, ou plutôt les ruralités, connaissent aujourd’hui de nombreuses crises. De l’avis de Jean-Marie Guilloux, qui dirige le Centre de médiation prospective Mission Agrobiosciences, l’une des raisons à ces problèmes est précisément cette mauvaise définition du rural qui limite l’efficacité des réponses politiques.
Le périurbain n’est pas la campagne, la plaine n’est pas la montagne, et chacun de ces territoires rencontre des crises qui lui sont propres.
Comment remédier à ces crises, et en particulier à la crise agricole dont le secteur est en plein bouleversement ? Intégrer pleinement la ruralité dans le débat présidentiel à venir sera indispensable et les intervenants de ces EGP en sont conscients.
« Il y a sur les territoires ruraux 11 millions d’habitants. Donc c’est un électorat important et il faut lui parler sinon il va voir les extrêmes », anticipe déjà Pierre Morel-A-L’Huissier, député LR de Lozère. De l’avis des intervenants, le renouveau rural doit passer par cinq thèmes : le numérique, la mobilité, la santé, le lien énergie-urbanisme et l’agriculture.
Le numérique, une priorité pour redonner confiance aux territoires ruraux
De l’avis de Julien Dive, député LR de l’Aisne, le développement du numérique est le plus indispensable car en plus de permettre l’implantation d’entreprises, il est « aussi un bon moyen de rapporter de l’information, de la formation et de la culture à celui qui ne peut pas se déplacer ». Des problèmes de mobilité auxquels fait écho Stéphane Le Foll qui souhaite que les intercommunalités rurales fassent un effort d’investissement dans les transports collectifs. « A part le ramassage scolaire, quel transport collectif reste-t-il aujourd’hui dans certains lieux reculés ? » s’interroge-t-il. Le développement des maisons de santé et de l’aide à domicile doit aussi rester une priorité pour ces élus qui redoutent les déserts médicaux.
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Partir des demandes de la ruralité pour trouver des solutions
Des propositions bienvenues mais qui, pour Jean-Marie Guilloux, ne doivent pas venir seulement de l’extérieur. « Nous devons arrêter d’avoir ce regard surplombant sur la ruralité et raisonner en termes de manque. Il faut mieux écouter les demandes de la ruralité et réfléchir à ce qu’elle peut nous apporter, pas seulement ce que nous nous pouvons lui donner. »
Une façon de penser qui a permis au ministre de l’Agriculture d’approfondir deux thèmes qui lui tiennent particulièrement à cœur, ceux des énergies renouvelables et du renouveau de l’agriculture. Partisan de longue date de l’agroécologie, il a rappelé l’importance du développement de la biomasse et de la méthanisation. « Le monde rural est capable de développer des énergies renouvelables. Nous devons avoir un vrai lien entre la campagne et la ville pour que les déchets deviennent de vraies ressources. »
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La Loi NOTre, pas encore suffisante pour donner aux territoires ruraux tout leur poids
Des réformes qui, de l’avis des élus présent, devraient être facilitées par la Loi NOTRe et les pouvoirs supplémentaires accordés aux régions, plus à même d’agir pour le développement économique de leurs territoires.
Le co-président de l’IGTD et initiateur de ces EGP, Jean-Pierre Balligand, regrette néanmoins que le texte n’aille pas encore assez loin en termes de moyens financiers accordés aux régions qui « ne sont plus des nains juridiques mais restent des nains fiscaux ».
Les idées à porter pour les ruralités lors des élections présidentielles et législatives sont donc nombreuses et les élus ruraux comptent les mettre en avant. Reste à savoir s’ils pourront le faire alors que la sécurité et l’identité dominent pour l’instant les débats.
« Je considère que c’est un enjeu qui a été pris en considération, estime Pierre Morel-A-L’Huissier. Les Républicains ont organisé, il y a deux mois, une journée consacrée à la ruralité. Nicolas Sarkozy a fait des propositions intéressantes tout comme Bruno Le Maire. Si le sujet est un peu mis de côté le temps des primaires, il sera porté dès que notre candidat aura été désigné ». Mieux vaut tard que jamais.
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