Qui se prononcera contre le renforcement de la transparence de l’action publique ? Peu oseront publiquement se déclarer hostiles à ce mouvement qui, du patrimoine des élus, s’étend à celui de certains cadres de la fonction publique. Peut-être parce que, en creux, l’exigence de transparence porte en elle une assertion, un peu simpliste : « Seuls ceux qui ont quelque chose à cacher peuvent la redouter. »
Des résultats
Il faut certainement se réjouir de cet appétit de transparence, notamment vis-à-vis des choix politiques. D’autant qu’il semble donner des résultats : les annonces selon lesquelles le gouvernement français s’opposerait, désormais, au projet de traité Tafta sont à relier à la pression exercée par certaines collectivités et par le Sénat, qui réclament plus de transparence dans la négociation entre l’Europe et les Etats-Unis. Le Sénat s’est même fendu, le 4 février, d’une résolution condamnant le manque de transparence dans les négociations en cours.
Des mauvais signaux
Que du bon, donc, dans la transparence ? Sur le papier, oui. Mais il apparaît que toutes les transparences ne se valent pas. Ainsi, on peut redouter que certains mécanismes, comme celui des lanceurs d’alerte, ne soient par avance condamnés. D’abord, s’agissant de la FPT, il y a peu de chances que des cadres territoriaux, nourris au devoir de réserve et à l’obligation de discrétion professionnelle, mais aussi inscrits dans une logique de carrière, se risquent au signalement de comportements répréhensibles. Si c’est humain, on peut le regretter. Ensuite, les nouvelles révélations d’agissements honteux de la part d’élus, dans la foulée du scandale « Baupin », révèlent aussi l’omerta dans laquelle sont plongés les partis, même ceux qui se revendiquent « progressistes ».
Tout aussi inquiétant, l’Europe s’apprête à adopter une directive pour protéger le secret des affaires. Ce texte porte une atteinte dangereuse et directe au pouvoir (et au devoir !) d’enquête des journalistes. Est-ce bien raisonnable ?