Observées au microscope, les consultations citoyennes sur les noms des régions se révèlent très hétérogènes dans leur calendrier, leurs outils et leurs objectifs. Elles récoltent aussi des degrés de mobilisations variables.
Ă€ la mi-avril, trois ont dĂ©jĂ abouti : l’assemblĂ©e plĂ©nière de Nord-Pas-de-Calais – Picardie a adoptĂ© le 14 mars le nom Hauts-de-France, arrivĂ© en tĂŞte des 55 000 votes.
Le 18 mars, les Ă©lus de Bourgogne – Franche-ComtĂ© ont dĂ©cidĂ© Ă l’unanimitĂ© de garder le nom provisoire, option validĂ©e quelques jours plus tĂ´t par 71 % des 11 461 participants de la consultation.
Grand Est (rajouté in extremis par l’exécutif d’Alsace – Champagne-Ardenne – Lorraine) a été choisi le 4 avril parmi quatre noms et par 75 % des 289 000 votants.
En Auvergne – RhĂ´ne-Alpes, Aquitaine – Limousin – Poitou-Charentes et Languedoc-Roussillon – Midi-PyrĂ©nĂ©es, les choix ne sont pas encore faits. Les rĂ©gions ont jusqu’au 1er juillet pour transmettre un nom Ă l’Etat, avant qu’un arrĂŞtĂ© en Conseil d’Etat ne le  fixe Ă leur place avant le 1er octobre.
Propositions, comités et short-lists
Chaque région a incité la population à soumettre des propositions, et en Alsace – Champagne Ardenne – Lorraine, 300 noms ont été soumis en 15 jours. Les régions ont voulu particulièrement mobiliser les lycéens et les apprentis.
Nord-Pas-de-Calais – Picardie a fourni des kits pĂ©dagogiques aux lycĂ©es et CFA. ConsultĂ©s avant l’ensemble des habitants, les lycĂ©ens d’Auvergne – RhĂ´ne-Alpes ont fourni… 4 500 propositions.
Pour les assister, trois rĂ©gions ont composĂ© des « comitĂ©s du nom ». Celui d’Aquitaine– Limousin – Poitou-Charentes rĂ©unit des experts (historiens, gĂ©ographes…) et des Ă©lus de tous les groupes politiques rĂ©gionaux. Depuis fin fĂ©vrier, il Ă©tudie les propositions reçues via le formulaire web et sillonne le territoires.
« Nous rendrons notre analyse à Alain Rousset début juin, en argumentant sur chaque proposition, précise la présidente du comité, l’historienne Anne-Marie Cocula. La région se déterminera le 20 juin. »
Pour sa part, le comité « de réflexion et d’accompagnement » d’Alsace – Champagne-Ardenne – Lorraine a accueilli experts, socioprofessionnels et élus, mais aussi intégré 15 agents territoriaux (tirés au sort).
Pas d’élu en revanche – au grand dam de l’opposition – parmi les 30 chefs d’entreprises, restaurateurs, sportifs, artistes… du comitĂ© de Languedoc-Roussillon – Midi-PyrĂ©nĂ©es. Il a soumis Ă la rĂ©gion une liste de 8 noms, que celle-ci a rĂ©duit Ă 5 lors de sa session du 15 avril.
Avec ou sans vote
Après la phase des propositions, certaines régions invitent aussi habitants et « diaspora » à donner leurs préférences sur une short-list de 3 à 5 noms. Internet est le média privilégié (98 % des votes exprimés en Alsace – Champagne-Ardenne – Lorraine).
Là aussi, les choix sont contrastés : certaines régions adoptent le nom arrivé en tête, comme les trois qui ont déjà choisi.
Dans le Nord-Pas-de-Calais – Picardie par exemple, le nom de Hauts-de-France n’ a devancĂ© celui de Terres du Nord que de… 471 votes. A la diffĂ©rence des rĂ©gions Aquitaine – Limousin – Poitou-Charentes et Auvergne – RhĂ´ne-Alpes qui se laissent, elles, les mains libres.
Originalité : la région Languedoc-Roussillon–Midi-Pyrénées adopte le « vote Condorcet » et propose au public de classer l’intégralité des cinq noms par préférence.
Enfin, en période de disette, les régions ont fait attention aux coûts, qu’elles savent devoir justifier. « Tout a été développé en interne », assurent de concert les régions Auvergne – Rhône-Alpes et Alsace – Champagne-Ardenne – Lorraine, dont la vice-présidente a évoqué un coût global de « 33 000 euros ».
En Languedoc-Roussillon – Midi-Pyrénées, où la phase de vote débutait le 9 mai pour un mois, sera relayée en presse quotidienne régionale. Le coût est évalué par la présidente Carole Delga « sous les 500 000 euros, soit moins de 10 centimes par habitant ». Le conseil régional délibérera le 24 juin.
« La consultation est très importante »
Bénédicte Laurent, fondatrice de Namae, conseil en noms
Le processus de consultation prime pour la légitimité. Un nom de région ne peut pas être un nom « marketing » inventé. Il doit faire le pont entre le passé et le futur, car il sera là pour des décennies. Solliciter les lycéens, qui représentent le futur, me paraît donc une bonne chose.
Offrir d’autres moyens de proposition et de vote qu’Internet est aussi louable.
Attention : le nom ne constitue pas qu’un souci identitaire endogène. Sa perception Ă l’extĂ©rieur doit aussi ĂŞtre testĂ©e et les comitĂ©s du nom ont intĂ©rĂŞt Ă associer des personnalitĂ©s variĂ©es. Le nom «magique» est très rare, il faut trouver un Ă©quilibre. Dans ce cadre, ajouter un logo et une baseline peut aider Ă donner du sens et des valeurs.
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