Beaucoup la croyaient enfouie dans les limbes du passé. La vieille alliance entre les gaullistes et les communistes a resurgi ce 1er juin, lors de l’examen, au Sénat, du projet de loi portant « Nouvelle organisation territoriale de la République ». Dans un savant pas de deux, Roger Karoutchi (UMP., Val-de-Marne) et Christian Favier (PCF., Val-de-marne) ont dit tout le mal que leur inspirait la métropole du Grand Paris (MGP). Ils ont été rejoints par le sénateur-maire (UDI) de Meudon, Hervé Marseille. Une démonstration de force.
Résultat : même Philippe Dallier (UMP., Seine-Saint-Denis) a baissé pavillon. Le plus ardent partisan de la métropole a réclamé le report de la MGP au 1er janvier 2017. « Les financements ne sont pas clairs, le pacte financier n’a fait l’objet d’aucune simulation. Sans compter la réforme de la dotation globale de fonctionnement à venir… », a-t-il invoqué. Son amendement a été voté sans coup férir.
Guerres de clocher
L’épilogue d’un débat qui aurait pu servir de publicité pour la limitation du cumul des mandats. Mus par leurs stricts intérêts territoriaux, les sénateurs, maires et président de conseil départemental, sont passés à côté du sujet : le développement de la ville-monde, soumise à la concurrence féroce de Londres ou Tokyo.
Au cours d’une joute digne d’un village gaulois, ils se sont écharpés sur la pertinence du rattachement de Verrières-le-Buisson ou de Chelles à la métropole. A tel point que le varois Pierre-Yves Collombat (Divers gauche) a ironisé :
J’ai l’impression d’assister aux travaux d’une commission départementale de coopération intercommunale.
Les autres sénateurs de province avaient pris la poudre d’escampette. Une absence regrettable, tant le Grand Paris et ses gisements de croissance constituent, à l’évidence, une question nationale.
Claude Bartolone en embuscade
En attendant, en Ile-de-France, plus personne, ou presque, ne veut de la métropole à la façon de la loi MAPTAM. La MGP erre, tel un bateau-ivre. Seule, face à un Premier ministre prêt à bien des concessions, la ministre de la Décentralisation tente de redresser la barre. « L’hyper-richesse peut-elle dans cette région, continuer à côtoyer l’hyper-pauvreté ? N’attendons pas, sinon dans vingt ans, on parlera encore de la future métropole », a exhorté au Sénat, Marylise Lebranchu.
Un discours de moins en moins audible au PS. Il s’y murmure qu’une fusion entre la métropole et la région pourrait constituer une sortie de crise par-le-haut. Surtout en cas de victoire de Claude Bartolone aux régionales de décembre…
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