« L’engagement citoyen et l’appartenance républicaine. » Sur ce sujet sensible, les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat ont rendu chacun un rapport, le 15 avril dernier, à François Hollande, qui les avait sollicités après les attentats de janvier.
Il y a urgence car le « bel esprit du 11 janvier » s’étiole rapidement. Lucides, 75 % des Français estiment qu’il ne survivra pas à l’épreuve du temps, selon un sondage de Harris Interactive, commandé par la mission de réflexion de l’Assemblée. Ce constat souligne encore plus la nécessité de trouver le discours et les outils adéquats pour lutter contre le délitement du lien civique et du sentiment d’appartenance à la communauté républicaine.
Vote obligatoire – Parmi les 61 propositions du rapport « Bartolone » figurent notamment la création d’un « crédit-temps engagement », un stage en association pour les élèves de seconde et une cérémonie d’entrée dans la citoyenneté. Mais la plus commentée a été l’instauration du vote obligatoire pour toutes les élections, sur le modèle de ce qui se pratique en Belgique ou en Suisse, pour inciter les citoyens à exercer leurs droits mais aussi leurs devoirs.
L’idée du vote obligatoire, contestable sur le principe, semble également dérisoire par rapport aux enjeux. Il ne s’agit pas de sanctionner mais de réintégrer tous les citoyens qui ne croient plus en la chose publique. La solution doit passer par une citoyenneté active, car la démocratie ne peut pas se limiter à la période de l’élection, tous les cinq ou six ans.
Démocratie participative – Chantre depuis de nombreuses années de la démocratie participative, le maire de Kingersheim (Haut-Rhin), Jo Spiegel, défend la nécessité d’une « démocratie-construction ». En clair : associer le maximum d’habitants à l’élaboration de tous les projets, grâce notamment à de réels conseils participatifs.
La démarche n’est pas spectaculaire mais constitue assurément le moyen d’impliquer le citoyen, de lui faire comprendre les enjeux, autant que la complexité et le temps long nécessaire à la décision publique.
Si elle évacue le piège du gadget de communication, cette démarche de longue haleine sera payante, en permettant à chacun de coconstruire l’intérêt général. Mais tout cela ne s’improvise pas et nécessite une véritable ingénierie de la concertation publique.
Partir de l’échelon local – Comme l’indique avec justesse Jo Spiegel, « c’est dans le passage du “moi” au “nous” que les individus deviennent citoyens ». Essentielle pour relancer l’engagement citoyen, la refondation démocratique doit partir avant tout de l’échelon local.