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[Tribune] Décentralisation

La réforme territoriale à l’épreuve des faits …

Publié le 10/04/2013 • Par Auteur associé • dans : France, Tribune

L'organisation territoriale de la France est objet de réflexion depuis 1789 : l'Assemblée constituante lui a consacré un de ses premiers débats dont l'issue pèse encore aujourd'hui. En effet, tandis que Thouret, Sieyes et Condorcet défendaient une division géométrique du territoire en 6 500 grandes municipalités égales en territoire, Mirabeau fit prévaloir le point de vue de la tradition humaniste : pour durer, les nouvelles communes devaient se construire sur les paroisses existantes, et c'est ainsi que 44 000 paroisses donnèrent naissance à 38 000 communes.

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Laurence Cormier, Bernard Lensel et Eric Raimondeau

Urbanistes des Territoires

Ce choix peut paraĂ®tre lointain, mais il ne fut jamais possible par la suite, sinon Ă  la marge, de rĂ©duire le nombre de communes. La commune, hĂ©ritière de la paroisse, apparaĂ®t dĂ©finitivement comme la cellule fondatrice. Plus tard, Tocqueville la consacrera mĂŞme comme creuset de la dĂ©mocratie. Quant au dĂ©bat sur la taille idĂ©ale de l’Ă©chelon administratif de base, il fut ouvert ce jour-lĂ  et il dure encore. L’intercommunalitĂ©, certes, n’existait pas, mais dès 1789 la nĂ©cessitĂ© pour les communes de se rĂ©unir et de se porter secours fut envisagĂ©e(1).

La France a maintenu ses 36 000 communes à la fin du XXe siècle, alors que d’autres pays voisins ont opté pour la fusion de leurs communes, notamment l’Allemagne fédérale dans les années 1970 et la Belgique en 1975.

Un premier bilan de ces fusions de communes est une meilleure efficacitĂ© de la gestion administrative, pondĂ©rĂ©e par un Ă©loignement entre le citoyen et les organes de dĂ©cision ; sur le plan budgĂ©taire, en revanche, les Ă©conomies budgĂ©taires escomptĂ©es n’ont pas Ă©tĂ© Ă  la hauteur des attentes.
Sur le plan de la gestion du personnel cela n’a pas mis fin aux doublons et les économies d’échelle attendues avancées n’ont pas eu lieu.

Le maintien d’un nombre important de communes en France (tout comme en Italie et en Espagne) a nĂ©cessitĂ© une mise en commun de moyens entre elles, notamment pour les plus petites ; c’est ainsi qu’une intercommunalitĂ© « Ă  la française Â» s’est dĂ©veloppĂ©e, de façon un peu disparate suivant les territoires concernĂ©s : c’est ainsi que plusieurs agglomĂ©rations de petite taille (telles que Cherbourg ou Le Creusot) ont optĂ© dès 1970 pour une communautĂ© urbaine, qui est la forme d’intercommunalitĂ© la plus intĂ©grĂ©e et la plus structurĂ©e, tandis que Marseille avait tentĂ© l’expĂ©rience d’une simple communautĂ© de communes jusqu’en 2000, pour Ă©tablir un lien avec les communes de son entourage direct, de fait beaucoup plus petites que la ville centre.

La loi Chevènement : une rationalisation et un appel Ă  la volontĂ© des acteurs 

La loi Chevènement (2) a apporté une réponse au besoin de clarifier les démarches besoin en juillet 1999. Les démarches d’incitation à créer ou à rationaliser des intercommunalités à toute échelle ont permis de mobiliser les bonnes volontés et d’éviter des contentieux importants.

Un grand nombre d’agglomĂ©rations de taille moyenne ont ainsi adoptĂ© la structure de communautĂ©s d’agglomĂ©ration, quand elles avaient une dĂ©mographie comprise entre 50 000 et 500 000 habitants.

Cette rationalisation a portĂ© ses fruits, avec une lecture très claire des seuils dĂ©mographiques mentionnĂ©s ci-dessus, des blocs de compĂ©tences clairement dĂ©finies en fonction de la nature de l’intercommunalitĂ© choisie et une rĂ©solution de problĂ©matiques locales en suspens : des communautĂ©s urbaines ont ainsi Ă©tĂ© créées pour Nantes, Toulouse et Nice, tandis que beaucoup de structures ont pu Ă©tablir des solidaritĂ©s Ă  des Ă©chelles plus petites.

Depuis la loi Chevènement, certaines mesures sont venues brouiller un peu la clartĂ© de la lecture des intercommunalitĂ©s : l’abaissement du seuil pour les communautĂ©s urbaines Ă  450 000 habitants, apparemment pour des raisons de circonstances, et la crĂ©ation de deux niveaux supplĂ©mentaires de structures intercommunales, avec les pĂ´les mĂ©tropolitains et les mĂ©tropoles.

La « rĂ©forme territoriale », dirigisme et Ă©loignement : quelle vision de la dĂ©mocratie en France ? 

La réforme territoriale de 2010 (3) s’inscrit dans une approche annoncée comme plus volontariste, avec une volonté de diminuer le nombre des élus et de créer des entités plus grandes, avec l’argument d’une économie de moyens.

Les préfets s’investissent de façon plus directe, indéniablement, dans les processus de regroupement, non plus de communes, mais d’intercommunalités et ils impriment des délais de décision très courts, tout en contrant assez nettement les oppositions.

Dans la pratique, nous constatons sur le territoire français que cette rĂ©forme territoriale aiguise des appĂ©tits entre intercommunalitĂ©s ; c’est ainsi que de plus grosses intercommunalitĂ©s qui ont besoin de territoire et/ou de rentrĂ©es fiscales sont prises d’un appĂ©tit certain vis-Ă -vis de plus petites intercommunalitĂ©s souvent mieux gĂ©rĂ©es, mais moins puissantes politiquement.

On peut ainsi citer la CommunautĂ© urbaine de Marseille qui lorgne sur les territoires voisins. En effet, avec une dette de 2800 euros par habitant, la communautĂ© urbaine de Marseille subit depuis plus de 40 ans un retard significatif en terme d’amĂ©nagement du territoire au sens large et notamment des « dĂ©placements Â».

Sous couvert de cette dernière le seul remède envisagé par l’Etat est de promulguer une loi imposant la création d’une Métropole marseillaise regroupant 90 communes du département des Bouches-du-Rhône qui en compte 119.

Cette nouvelle MĂ©tropole pourra-t-elle sortir du marasme en engloutissant 8 Ă©tablissements publics de coopĂ©ration intercommunale voisins qui ont une situation financière plus saine ? Le pari de l’Etat semble très hasardeux.

A une plus petite Ă©chelle, la CommunautĂ© de communes d’Oyonnax, dans l’Ain, envisage d’absorber plusieurs intercommunalitĂ©s rurales, dans le but de crĂ©er une agglomĂ©ration factice autour d’un pĂ´le mono-industriel en dĂ©prise et dans une stratĂ©gie politique Ă  court terme. Le statut de CommunautĂ© d’agglomĂ©ration pourra-t-il ĂŞtre consolidĂ© par l’apport tĂ©nu des finances et des territoires de communes agricoles et montagnardes, alors que le problème structurel d’une mono-activitĂ© Ă©conomique ne semble pas levĂ© ? Le pari de l’Etat est toujours aussi hasardeux !

A diffĂ©rentes Ă©chelles, il apparaĂ®t que l’on se rĂ©fugie dans une fuite en avant, plutĂ´t que de rĂ©soudre les problèmes de fond d’ensembles urbains qui sont manifestement en dĂ©prise ; ce que les anglo-saxons appellent les « shrinking cities Â» ou « villes en dĂ©clin Â» (4).

En revanche, la Communauté urbaine de Lille adopte une attitude plus sage, en refusant le rattachement de la Communauté de communes des Weppes (5 communes), qui d’ailleurs s’y opposait. Elle a refusé les propositions imposées par l’Etat lorsque les communes ou intercommunalités n’en ont pas exprimé la demande. De plus ce rattachement n’était pas pertinent en matière d’aménagement du territoire, de bassins de vie, de transports, de développement économique, d’enjeux de développement stratégique partagé.

La CommunautĂ© urbaine de Lille est attentive Ă  la rĂ©alitĂ© du territoire : dans d’autres cas, elle envisage d’accepter l’adhĂ©sion d’une commune ; ainsi, Nieppe ayant fait une demande de rattachement, elle pourrait ĂŞtre acceptĂ©e 86e commune de la communautĂ© urbaine. En effet, Nieppe est proche de villes voisines appartenant dĂ©jĂ  Ă  LMCU et des Ă©quipements sont partagĂ©s. 

La cohĂ©rence gĂ©ographique doit ĂŞtre respectĂ©e et de plus il est souhaitable de ne pas s’engager dans des montages sources de conflits politiques.

Les risques de l’application brutale de la rĂ©forme territoriale

Les rĂ©formes engagĂ©es jusqu’à prĂ©sent pour amplifier le phĂ©nomène de  dĂ©centralisation voulu par le gouvernement Mauroy après l’élection prĂ©sidentielle de 1981 ont certes abouti Ă  crĂ©er une plus  grande autonomie des collectivitĂ©s locales ;mais ils en viennent aussi Ă  complexifier leur organisation en incitant Ă  la mise en place de structures intercommunales toujours plus importantes entraĂ®nant de l’inertie dans la mise en Ĺ“uvre des politique publiques.  On le voit notamment avec la possibilitĂ© d’instaurer des pĂ´les mĂ©tropolitains.

Il en rĂ©sulte une plus grande prise de distance dans la relation de proximitĂ© que l’élu devrait entretenir  avec le citoyen. De plus, le nombre de dossiers souvent complexes Ă  porter est  plus en plus important. Mais il convient aussi de prendre en compte la difficultĂ© pour les Ă©lus de suivre le processus dĂ©cisionnel dans sa globalitĂ© en raison d’agenda surchargĂ© liĂ© principalement au cumul des mandats. Il rĂ©sulte de cet Ă©tat de fait que la technostructure  prend le dessus et que les fonctionnaires se substituent parfois Ă  des Ă©lus dans la vision de l’amĂ©nagement du territoire.

Les risques de l’application brutale de la rĂ©forme territoriale ne sont visiblement pas pris suffisamment en compte par les dĂ©cideurs actuels : Ă©radication des Ă©lus de terrain, remplacement par de mini-technostructures, donc Ă©loignement important des Ă©lus et de leurs Ă©lecteurs : ceci est très mauvais en termes de sociologie politique, car ce processus est très souvent gĂ©nĂ©rateur d’une montĂ©e de votes protestataires, souvent extrĂ©mistes.

Les économies d’échelle annoncées ne sont par ailleurs pas forcément au rendez-vous, car la gouvernance technocratique secrète fatalement des structures hypertrophiées, où le duo problématique-solution est auto-alimenté en permanence.

DĂ©finir des sorties de crise : le rĂ´le des Scot, des pays « loi Voynet », des CDDRA (en RhĂ´ne-Alpes), des CLD et le respect d’une dĂ©mocratie locale pour Ă©viter les dĂ©bordements

Il est heureusement possible de raisonner et d’agir globalement en utilisant d’autres outils que la réforme territoriale.

Une vision de la planification Ă  grande Ă©chelle est nĂ©cessaire pour le territoire français et elle peut, sinon elle doit, dĂ©passer l’échelle d’une intercommunalitĂ© ; le seul fait de ce dĂ©passement justifie pleinement la rĂ©alisation d’un document de type schĂ©ma de cohĂ©rence territoriale (Scot), qui permet d’étudier et de mettre en place un projet de territoire global. Un Scot dont le territoire correspondrait exactement Ă  celui d’une intercommunalitĂ© perdrait une partie de son intĂ©rĂŞt en terme de vision globale.

Les pays « loi Voynet Â» (5), mĂŞme s’ils ont vu leur mise en place limitĂ©e et les contrats de dĂ©veloppement durable (pour la RĂ©gion RhĂ´ne-Alpes) offrent Ă©galement la possibilitĂ© de travail partenarial entre les communes, essentiellement en milieu rural ou sur des territoires multipolaires. Il s’agit d’une dĂ©marche marquĂ©e par le volontariat, qui permet beaucoup plus de souplesse que la crĂ©ation d’une intercommunalitĂ©.

Les conseils locaux de dĂ©veloppement, Ă©galement créés par la loi Voynet, prĂ©sentent la particularitĂ© d’une ouverture, parfois menĂ©e avec succès, Ă  la dĂ©mocratie participative dans le contexte d’un projet de territoire. Ces structures doivent fonctionner en complĂ©ment de la dĂ©mocratie reprĂ©sentative et permettre de proposer des projets et des « idĂ©es de faire Â» aux Ă©lus d’une ou plusieurs intercommunalitĂ©s,

L’ensemble de ces outils offre des fonctionnements a priori plus consensuels et moins contraignants que la deuxième génération d’intercommunalités qui semble vouloir s’imposer au forceps.

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