Les régions sont dans l’expectative face à cette Commission européenne qui se veut « politique », avec – sur vingt-huit membres – d’ancien Premiers ministres et une vingtaine d’ex-ministres, des commissaires sortants ou encore d’anciens eurodéputés.
Pour Didier Cujives, conseiller régional de la région Midi-Pyrénées et président de l’association Midi-Pyrénées Europe, « on peut y voir une volonté de donner un nouveau souffle à l’exécutif européen qui, lors de la précédente mandature, avait souvent vu les directions générales et donc l’administration, prendre le pas sur le politique ». Il faudra toutefois aux régions et aux collectivités locales un peu de patience avant que le collège européen, qui doit prendre ses fonctions en novembre, n’entre dans le vif des dossiers.
Faciliter l’octroi des fonds europĂ©ens – DĂ©signĂ©e commissaire Ă la politique rĂ©gionale, la socialiste roumaine Corina CreĹŁu a rĂ©ussi son grand oral devant le Parlement europĂ©en. Elle et ses services seront les interlocuteurs privilĂ©giĂ©s des acteurs locaux, puisqu’elle devra notamment boucler les « programmes opĂ©rationnels » (PO) de la nouvelle pĂ©riode des fonds structurels pour 2014-2020, en ciblant « avec une attention particulière » l’énergie et le numĂ©rique, selon la lettre de mission que lui a adressĂ©e Jean-Claude Juncker.
Ancienne eurodĂ©putĂ©e, Corina CreĹŁu s’est engagĂ©e Ă simplifier des procĂ©dures administratives « trop longues et trop bureaucratiques » pour l’octroi des fonds europĂ©ens  – 352 milliards d’euros sont prĂ©vus pour la politique de cohĂ©sion de l’UE en 2014-2020 – et Ă amĂ©liorer l’absorption des fonds tout en privilĂ©giant la qualitĂ© des programmes. Un scĂ©nario attendu de pied ferme par Bernard Soulage, membre socialiste du ComitĂ© des RĂ©gions de l’UE (CdR) et vice-prĂ©sident de la rĂ©gion RhĂ´ne-Alpes, qui a critiquĂ© l’attitude de la Commission lors de la nĂ©gociation du PO français, signĂ© le 8 aoĂ»t.
Après une bataille ardue, les régions françaises, comme la Bretagne, ont finalement obtenu de pouvoir utiliser les fonds structurels pour financer des projets numériques (réseaux à très haut débit).
Dossier climat – Les questions Ă©nergĂ©tiques, climatiques et environnementales figurent aussi au rang des prioritĂ©s rĂ©gionales, avec, en perspective, la confĂ©rence internationale de dĂ©cembre 2015 sur le climat au Bourget. Dès leur sommet des 23 et 24 octobre Ă Bruxelles, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE sont censĂ©s s’accorder sur des objectifs climatiques d’ici Ă 2030 (rĂ©duction des gaz Ă effet de serre, place des Ă©nergies renouvelables et efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique).
« Nous avons une inquiĂ©tude en Ile-de-France sur l’exploitation du gaz de schiste, souligne toutefois Pierre Kanuty, prĂ©sident d’ĂŽle-de-France Europe, le bureau europĂ©en de l’ĂŽle-de-France Ă Bruxelles. A titre personnel, je ne suis pas contre la recherche de mĂ©thodes d’extraction non polluantes, mais, pour cela, il faut affirmer une puissance publique très forte qui rĂ©siste aux pressions de groupes d’intĂ©rĂŞts divers. »
Puiser dans les 300 milliards d’investissement – Autre dossier : le « paquet d’investissements » de 300 milliards d’euros promis par Jean-Claude Juncker pour lancer des projets porteurs de croissance entre 2014 et 2016. L’enveloppe sera financĂ©e via des sources publiques et privĂ©es, dont le budget europĂ©en et la Banque europĂ©enne d’investissement (BEI).
« Tout le monde se demande d’oĂą sortira l’argent, mais une chose sĂ»re, les rĂ©gions seront aux premières loges pour l’utiliser efficacement », notePierre Karleskind, vice-prĂ©sident de la rĂ©gion Bretagne, en charge de l’Europe, de la mer et du littoral. Et d’insister sur les attentes bretonnes en matière de financements des Ă©nergies renouvelables maritimes « crĂ©atrices d’emplois » et d’une « desserte convenable » en matière de transports (routes, rails, mais aussi le port de Brest).
« Il est important de créer une dynamique concrète autour des petites et moyennes entreprises, note de son côté Françoise Chotard, directrice du bureau de l’Île-de-France à Bruxelles. Des opportunités financières existent pour elles, mais celles-ci font toujours face à une lourdeur administrative difficile à réduire, même si les délais entre le dépôt des dossiers et la contractualisation avec la Commission européenne ont été réduits, notamment dans le cadre du programme Horizon 2020, et plus particulièrement de l’instrument PME. »
LibĂ©ralisation des transports ferroviaires – Les rĂ©gions suivent aussi de près les difficiles nĂ©gociations entre les Etats membres de l’UE sur la libĂ©ralisation des transports ferroviaires de passagers. Bruxelles a proposĂ© une ouverture des rĂ©seaux nationaux Ă la concurrence Ă l’horizon 2019.
A noter que le prĂ©sident du conseil rĂ©gional d’Aquitaine, Alain Rousset, a fait inscrire la liaison ferroviaire franco-espagnole Pau-Canfranc dans la carte des rĂ©seaux transeuropĂ©ens de transports et espère que sa rĂ©ouverture bĂ©nĂ©ficiera de financements au titre du MĂ©canisme pour l’interconnexion en Europe, un instrument financier créé dans le cadre du budget europĂ©en 2014-2020.
L’eurodéputé de l’euro-circonscription Ouest Alain Cadec (UMP) s’est, quant à lui, inquiété de voir la pêche rattachée à l’environnement dans le portefeuille du commissaire maltais Karmenu Vella (également en charge des affaires maritimes). Président de la commission chargée de la pêche au Parlement européen, il entend « défendre la spécificité de la pêche et empêcher qu’elle soit noyée dans les seules préoccupations environnementales ».
Des fonds pour l’emploi – Treize rĂ©gions françaises oĂą le taux de chĂ´mage des jeunes est supĂ©rieur Ă 25 % se partageront, par ailleurs, une enveloppe (620 millions d’euros) au titre de l’Initiative l’emploi des jeunes (IEJ) et du Fonds social europĂ©en (1). Objectif : aider les jeunes Ă trouver un emploi, un stage ou une formation.
L’ĂŽle-de-France n’est pas Ă©ligible dans son intĂ©gralitĂ©, mais le dĂ©partement de la Seine-Saint-Denis l’est. « A l’hystĂ©rie de l’austĂ©ritĂ©, nous prĂ©fĂ©rons l’obsession de l’activitĂ© », prĂ©cise Pierre Kanuty en Ile-de-France, dont les initiatives sur l’emploi sont la première prioritĂ© europĂ©enne. Il plaide notamment pour une réévaluation de l’IEJ lors de l’examen Ă mi-parcours du budget communautaire pour la pĂ©riode 2014-2020.
Les ports français suivent, enfin, de près le projet de libéralisation des services portuaires, une perspective rejetée deux fois par les eurodéputés sous la pression des dockers. « Je constate que les activités de pilotage ne seront pas soumises à la concurrence, je m’en remets donc à la sagesse du Parlement européen sur le sujet, en espérant que les choses seront abordées avec peut-être un peu moins de dogmatisme que par le passé », souligne Pierre Karleskind en Bretagne.
Thèmes abordés
Notes
Note 01 Aquitaine, Auvergne, Centre, Champagne-Ardenne, Guadeloupe, Guyane, Haute-Normandie, Languedoc-Roussillon, Martinique, Nord-Pas de Calais, Réunion, Mayotte et Picardie Retour au texte








