La tension monte entre les rĂ©gions et la SNCF. Le 16 dĂ©cembre dernier, lors de l’adoption du budget 2014, Alain Rousset (PS), prĂ©sident du conseil rĂ©gional d’Aquitaine a refusĂ© l’augmentation annuelle liĂ©e Ă l’exploitation des TER Aquitaine, estimĂ©e Ă 6 millions d’euros.
« La rĂ©gion ne veut plus continuer de payer toujours plus pour un service de transport de mauvaise qualitĂ© et qui continue Ă se dĂ©grader : ponctualitĂ© et contrĂ´les insuffisants, retards ou suppressions de train, etc. ».
Pour celui qui est Ă©galement le prĂ©sident de l’ARF, rien n’est Ă la hauteur de ce que la collectivitĂ© territoriale investit : 214,5 millions d’euros en 2013, pour faire circuler chaque jour 370 trains avec 35.000 voyageurs Ă bord. En consĂ©quence, l’Aquitaine versera Ă la SNCF une subvention du mĂŞme montant que celui de 2013.
Effet de contagion – Cette rĂ©bellion pourrait engendrer une vĂ©ritable fronde, en pleine pĂ©riode de renouvellement des conventions rĂ©gion/SNCF.
La région Pays de Loire est par exemple sur la même ligne d’attaque que l’Aquitaine : « Nous avions prévenu la SNCF que nous ne voulions plus participer à cette inflation ferroviaire permanente, dès le mois d’octobre, alors que le transporteur a beaucoup communiqué sur sa capacité à réduire ses frais et à améliorer ses performances notamment via la réforme ferroviaire », martèle Jacques Auxiette, président (PS) de région (1).
Il a donc lui aussi fait voter par le conseil régional des Pays de Loire une subvention quasi constante de 118 millions d’euros. « Cette stratégie nous amène à dénoncer en bloc le renouvellement des conventions », rappelle Jacques Auxiette et prévient « d’autres régions vont suivre ».
Le Limousin a confirmĂ© qu’il envisageait aussi de geler sa subvention annuelle Ă la SNCF « en raison de la dĂ©gradation du service », explique la rĂ©gion. la Bourgogne, la Lorraine ou le Languedoc-Roussillon, songent Ă faire de mĂŞme croit savoir Europe 1.
La rĂ©forme ferroviaire en toile de fond – Cette dĂ©monstration de force hypothèque aussi un peu plus « la nouvelle forme de partenariat » avec les rĂ©gions, voulue par Guillaume Pepy, prĂ©sident de la SNCF, qui a bien besoin de leur consentement au financement des grandes lignes nationales et du rĂ©seau TER pour rĂ©ussir la future rĂ©forme ferroviaire.
Or jusqu’à présent, les régions ont l’impression de ne pas être invitées en première classe du train de ce projet. « Nous ne sommes pas des partenaires, mais des donneurs d’ordres et ce projet de loi ne met pas suffisamment en avant cette autorité régulatrice », prévient Jacques Auxiette, qui rappelle que les « régions ont sauvé le train de proximité en finançant aujourd’hui 12 000 des 15 000 trains qui circulent en France », rappelle-t-il.
Un rĂ´le crucial dont il faut savoir profiter – Les rĂ©gions, globalement insatisfaites de ce projet de rĂ©forme, ont ainsi trouvĂ©, avec les menaces sur les renouvellements des conventions et des budgets TER, un moyen de peser sur les dĂ©bats prĂ©paratoires au vote du projet de loi, prĂ©vu au printemps 2014.
Certaines collectivitĂ©s en font un usage tempĂ©rĂ© comme le Centre. Le Ceser de cette rĂ©gion a par exemple exhortĂ© l’exĂ©cutif rĂ©gional « Ă ne plus subir les dĂ©cisions parfois arbitraires et rarement concertĂ©es de la SNCF ou de RFF », car « c’est la rĂ©gion qui paie, donc elle qui doit dĂ©cider ! ».
Le conseil consultatif prĂ©conise notamment la mise en place « d’un système plus pĂ©nalisant Ă l’Ă©gard de la SNCF en cas de trains en retard ou supprimĂ©s » et demande que les pĂ©nalitĂ©s soient dĂ©sormais versĂ©es Ă la rĂ©gion et non sur un « compte qualitĂ© » gĂ©rĂ© par la seule SNCF. Le conseil rĂ©gional s’est contentĂ© de pĂ©naliser les retards en heures de pointe et « d’amĂ©liorer les modalitĂ©s de remboursement des voyageurs ».
« Des amendements sont en cours » – Mais la Picardie, qui a renouvelĂ© sa convention avec la SNCF avec un effort de 1,1 milliard d’euros, a Ă©tĂ© plus sĂ©vère.
Outre l’augmentation des pénalités en cas de retard ou des suppressions de trains, la région a voulu que ses passagers soient mieux indemnisés : « Si dans un délai de deux mois, le taux moyen de régularité est inférieur à 87 %, les voyageurs seront indemnisés à hauteur de 20 % de leur abonnement », a fait savoir Claude Gewerc, président du conseil régional de Picardie.
Le syndicat des transports d’Ile-de-France, qui a voté le budget, envisage de son côté d’appliquer un malus à la SNCF en 2014 pour sa mauvaise qualité de service, pouvant aller jusqu’à 11 millions d’euros.
Les différents départs de feu semblent donner des résultats : « La vision de l’Etat sur le rôle du parlement ou sur l’affirmation de l’autorité des régions évolue », juge Jacques Auxiette. « Nos rencontres avec les ministères ou les rapporteurs du projet de loi sur la réforme ferroviaire vont dans le bon sens. Il y a des amendements en cours. »
Thèmes abordés
Notes
Note 01 Jacques Auxiette est également président de la commission infrastructure et transport de l’ARF Retour au texte








