Le rapport du CESE sur l’emploi des jeunes arrive peut-être un peu tard, dans la mesure où le projet de loi portant création des emplois d’avenir a été adopté par les deux assemblées, et que la commission mixte paritaire (CMP) est prévue pour mardi 2 octobre.
Il n’empêche, un chapitre porte sur ce thème. Le rapporteur, Jean-Baptiste Prévost, ancien président du syndicat étudiant Unef, propose d’améliorer le dispositif des emplois d’avenir afin de renforcer le volet formation.
Il suggère d’ouvrir ces contrats aux titulaires d’un niveau IV (Baccalauréat), voire III (BTS, DUT, etc.) « pour ne pas pénaliser les jeunes qui ont réussi à obtenir leur diplôme mais qui peuvent rencontrer des difficultés importantes d’accès à l’emploi ».
Instabilité chronique des mesures d’emploi – De manière plus générale, le rapporteur déplore « une instabilité chronique des mesures d’emploi » et le déclin des contrats aidés depuis les années 2000. « L’utilisation trop fluctuante [de ces derniers] démobilise les acteurs alors qu’ils constituent un instrument utile, à la condition notamment qu’ils soient ciblés sur les personnes les plus éloignées de l’emploi et qu’ils soient assortis des actions d’accompagnement nécessaires », soulignait déjà dans un avis de juin 2011 le CESE.
Le rapport fait également la part belle au service public de l’emploi local et propose de renforcer les moyens, notamment humains, aujourd’hui « insuffisants et hétérogènes », des missions locales.
Soupape de désengorgement – Il insiste aussi sur la nécessité d’une meilleure coordination entre Pôle emploi et ces dernières. L’institution nationale est clairement montrée du doigt : « Le CESE estime que la co-traitance, selon laquelle les missions locales accompagnent près de 150 000 jeunes orientés par Pôle emploi, ne doit pas être considérée comme une ‘soupape de désengorgement’ de ce dernier, au terme de laquelle les missions locales ne seraient pas financées à hauteur des jeunes accueillis. »
Pôle emploi doit aussi, parallèlement à la co-traitance ciblée sur les jeunes en difficultés, « améliorer son offre de service en direction des jeunes demandeurs d’emploi ».
Pertinence d’un réseau territorialisé – « Le CESE tient à souligner la qualité des résultats obtenus en termes de retour à l’emploi ou d’accès à des formations par le réseau des missions locales dans un contexte contraint, et la pertinence d’un réseau territorialisé, impliquant fortement les élus locaux dans sa gouvernance, pour définir des actions au plus près des besoins », peut-on lire encore.
La fonction publique se voit aussi adresser un carton jaune : « Succès très mitigé » pour l’apprentissage, et « bilan décevant » pour le Parcours d’accès aux carrières territoriales, hospitalières et de l’Etat (Pacte), un autre type de formation en alternance. Le recours aux contractuels est pointé du doigt : « Dans la FPT par exemple, si la part des agents non permanents est de l’ordre de 10 %, elle est en revanche de 50 % dans la tranche des moins de 24 ans et de 15 % chez les jeunes de 25 à 29 ans. »
Le rapport brocarde par ailleurs le suivi des décrocheurs. En effet, la mise en place des plateformes de suivi et d’appui aux décrocheurs, partenariales et territoriales, est « très hétérogène. En l’absence de pilote, de moyens humains supplémentaires et d’offre de formation spécifique, la mise en place de la plateforme a eu un impact très limité sur la situation des élèves décrocheurs. »
Le CESE réitère une critique déjà formulée : « La question essentielle de l’orientation ne peut se limiter à la désignation d’un délégué interministériel et à la labellisation d’organismes. »
Ouvrir le RSA aux moins de 25 ans – Enfin, le CESE propose d’assouplir les conditions d’accès au RSA pour les jeunes actifs de moins de 25 ans. Une piste pour la ministre déléguée en charge de la Lutte contre l’exclusion, Marie-Arlette Carlotti, qui a annoncé jeudi 27 septembre vouloir simplifier le RSA ?
Le « RSA jeunes n’est pas adapté », indique-t-elle dans La Croix, précisant « qu’il y a actuellement 9 000 RSA jeunes pour 100 000 annoncés lors de sa mise en place ».
« Les contraintes pour y accéder sont trop lourdes » et « cette mesure sera amenée à évoluer puisqu’elle ne correspond pas à la demande », explique encore la ministre.
Références