Avec la multiplication des fusions de collectivités et la démocratisation du télétravail, l’activité à distance se développe dans la fonction publique territoriale. La persistance de certains modes de fonctionnement, pourtant jugés désuets, éclate alors au grand jour : présentéisme, défiance, management « par tâches »… Au conseil départemental du Cantal (1 100 agents), où le télétravail a été expérimenté dès 2010, on se souvient de débuts un peu difficiles : « Les a priori étaient globalement négatifs : Si un agent reste chez lui, il va en profiter pour garder ses enfants ; Cela va rendre compliqué le contrôle de son activité », énumère la directrice des ressources humaines Sandrine Le Bozec. Dans le contexte du travail à distance, outre les préjugés à dépasser, revisiter les postures managériales s’avère souvent nécessaire.
Piloter ses équipes par objectif
« Il faut sortir de l’immédiateté », témoigne Hélène Natt, cheffe du service « ingénierie de la construction » à la ville et l’eurométropole de Strasbourg (33 communes, 6 900 agents), dont la moitié de l’effectif fait du télétravail, y compris son assistante : « Je ne la sollicite plus à tout moment, je regroupe mes demandes, j’anticipe. » L’absence physique et les moyens de communication à disposition (téléphone, e-mails, messagerie instantanée…) poussent à espacer les échanges et à planifier davantage.
L’absence physique et les moyens de communication à disposition poussent à espacer les échanges et à planifier davantage.
« Fini le point du matin improvisé : T’es sur quoi ?, résume Doriane Huart, vice-présidente de l’Association des administrateurs territoriaux de France (AATF). Il est important de donner de la visibilité sur la charge de travail, avec des dates de rendu claires. » L’agent doit au minimum pouvoir organiser sa journée sans en référer constamment à son supérieur. Le pilotage par objectif semble incontournable. « Mais il fait très peur ! signale Marie Jacquin-Pavard, cheffe de projet mission des temps et services innovants à la ville et l’eurométropole de Strasbourg, où le télétravail se déploie depuis 2014. Il y a aussi une forte appréhension à l’idée de mesurer la capacité des agents à télétravailler. Cela revient à évaluer, entre autres, leur autonomie : or, c’est une question que les managers se sont rarement posée avant. »
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Gazette des Communes
Références
Le décret n°2016-151 du 11 février 2016 et son arrêté d’application du 16 décembre 2016, ont fixé le maximum de jours de télétravail à trois par semaine. Si l’état de santé d’un agent le justifie et avec l’aval de la médecine de prévention, il est possible de dépasser ce seuil, pendant une période de six mois, renouvelable une fois.
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