Le 22 juillet dernier, le gouvernement annonçait sans cĂ©rĂ©monie une baisse gĂ©nĂ©ralisĂ©e du montant des aides personnelles au logement (APL) de cinq euros pour tous les allocataires dès le 1er octobre prochain. Une annonce mal prĂ©parĂ©e, et non concertĂ©e, qui a choquĂ© en ce qu’elle touche les citoyens les plus pauvres. Dans la foulĂ©e, le ministre de la CohĂ©sion des territoires Jacques MĂ©zard a annoncĂ© pour l’automne une rĂ©forme du rĂ©gime des aides personnelles au logement, accusĂ©es d’avoir favorisĂ© l’inflation des foyers, et de profiter aux propriĂ©taires bailleurs.
Second coup dur pour le secteur du logement, l’annulation de 184,9 millions d’euros en autorisation d’engagement et 130,5 millions d’euros en crĂ©dit de paiement sur le programme budgĂ©taire de l’État dĂ©diĂ© Ă l’« Urbanisme, territoires et amĂ©lioration de l’habitat », par dĂ©cret du 20 juillet dernier, dans le cadre des Ă©conomies budgĂ©taires imposĂ©es Ă les ministères. Pour l’Union sociale pour l’habitat, cela revient Ă renoncer Ă l’engagement de 12 000 logements PLAI – les logements aux loyers les plus faibles – en 2017.
 VolontĂ© d’apaisement
Après cette sĂ©rie de mauvaises nouvelles, le 4 aoĂ»t dernier, le ministre et son secrĂ©taire d’Etat Julien Denormandie ont ouvert une consultation auprès des collectivitĂ©s territoriales et des acteurs du logement, de la construction et de l’amĂ©nagement, afin « d’identifier des idĂ©es concrètes et propositions d’amĂ©lioration et de simplification qui enrichiront le contenu et le sens du projet de loi ». Celles-ci doivent ĂŞtre remises au ministre avant le 10 septembre, tandis que celui-ci devrait faire une communication sur le projet de loi le 13 septembre en conseil des ministres.
Le communiquĂ© du ministère prĂ©cise que le projet de loi aura pour objectif de « favoriser une offre de logements adaptĂ©e Ă tous nos territoires, accompagner la demande de logements dans les territoires dĂ©tendus, promouvoir la rĂ©novation Ă©nergĂ©tique des logements, en prioritĂ© ceux des mĂ©nages modestes, faciliter l’accès au logement et la mobilitĂ© au sein des parcs de logement, en particulier vis-Ă -vis des publics jeunes, actifs ou modestes; dĂ©velopper l’insertion par le logement d’abord ». Autant dire que le programme annoncĂ© est donc très vaste.
Lors de la campagne prĂ©sidentielle Emmanuel Macron avait promis de lever les freins Ă la construction, notamment en zone tendue, par exemple en dĂ©veloppant des opĂ©rations d’intĂ©rĂŞt national, qui permettent notamment de transfĂ©rer la dĂ©livrance des permis de construire au prĂ©fet. On sait que sera aussi intĂ©grĂ©e au texte la rĂ©forme des APL.
La loi SRU pourrait aussi ĂŞtre dans le collimateur, alors que la loi EgalitĂ© et citoyennetĂ© du 27 janvier 2017 vient de l’amender, en prĂ©voyant notamment des exemptions d’application pour certaines communes connaissant des problèmes de constructibilitĂ© ou situĂ©es loin des dessertes de transport.
Des pistes de réforme de la loi SRU
Dans un article du 18 aoĂ»t, le journal le Monde Ă©voque en effet un courrier de la Direction de l’habitat, au sein du ministère de la CohĂ©sion des territoires, sollicitant de la part des acteurs du logement des propositions de rĂ©forme « Ă titre exploratoire ». Serait envisagĂ©e le report de l’Ă©chĂ©ance de 2025 pour atteindre l’objectif de 20 Ă 25% de logements sociaux, qui ne serait pas tenable de l’avis de nombreux professionnels. Il serait aussi envisagĂ© d’introduire dans le quota de logements sociaux les logements intermĂ©diaires, aux loyers plus Ă©levĂ©s que les logements classiques, une proposition souvent dĂ©fendue par voie d’amendements de parlementaires de droite aux textes de lois rĂ©cents relatifs au logement, mais jamais retenue.
Cet automne, lors de l’examen du projet de loi EgalitĂ© et citoyennetĂ© au SĂ©nat, les dĂ©bats avaient dĂ©jĂ Ă©tĂ© très vifs au sujet des modifications Ă apporter Ă l’article 55 de loi SRU. Le ministère de la CohĂ©sion des territoires, dans un communiquĂ© du 17 aoĂ»t, a cependant dit rĂ©affirmer « son attachement aux principes de la loi SRU, qui ont prouvĂ© au fil des annĂ©es leur efficacitĂ©, notamment par l’observation de trajectoires vertueuses pour des communes qui se sont engagĂ©es dans une production ambitieuse de logements, dont des logements sociaux. »
Dans ce contexte, le prochain congrès de l’Union Sociale pour l’habitat, du 26 au 28 septembre prochain, s’annonce dĂ©licat pour le ministre Jacques MĂ©zard, qui aura fort Ă faire pour rassurer les bailleurs sociaux.
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