300 000…600 000… 1 000 000… Qui dit mieux ? Invité mercredi 18 mai sur Radio Classique, Alain Juppé, qui a déclaré, il y a plusieurs mois déjà, vouloir supprimer entre 250 000 et 300 000 fonctionnaires sur 5 ans, s’est amusé des prétentions affichées dans ce domaine par l’un de ses concurrent direct dans la course à la primaire, à savoir François Fillon.
Revenant sur les propositions de ce dernier, qui envisage quant à lui de détruire 600 000 postes de fonctionnaires sur un mandat, le maire de Bordeaux a ironisé en direct : « [la suppression de 250 000 à 300 000 fonctionnaires ] Cela représente 4,5%. François Fillon propose d’en supprimer 600 000, je lui dis bonne chance et chiche » .
Mais dans cette grande « casse » au service public, le champion demeure pour le moment Bruno Le Maire. Le député de l’Eure prévoit de son côté de supprimer 1 million de postes de fonctionnaires, s’il était élu président de la République !
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La fin du statut ?
Des candidats qui ont tous par ailleurs affirmé leur souhait de voir le statut être réformé. Selon Alain Juppé, par exemple, le statut de fonctionnaire ne peut être réservé qu’à ceux qui exercent des fonctions régaliennes comme les militaires, les policiers, les magistrats ou les enseignants.
« Mais le statut ne doit pas être un prétexte pour maintenir des rigidités de gestion qui accroissent le coût du service et dégradent sa qualité » déclarait-il à la Gazette en novembre dernier. Citant l’exemple de France Télécom, le maire de Bordeaux proposait donc que les nouveaux entrants prennent un statut de droit privé et que les agents déjà en place puissent eux « choisir ». « C’est sans doute une piste qu’il faut tracer pour la fonction publique territoriale… », concluait-il.
Et pour Bruno Le Maire :
Il n’y a pas de lien automatique entre service public et emploi à vie et je ne vois pas ce qui justifie que l’on donne un statut à des personnes en charge de politiques culturelles ou des espaces verts, dans une ville ou dans toute autre collectivité locale.
Le statut, un bon créneau de campagne ?
Si cette surenchère politique autour de la fonction publique est devenue, au fil des ans, un grand « classique » de nos campagnes électorales, pour Jérôme Lenoir, directeur général des services du Grand Narbonne, « donner en pâture aux salariés du privé et aux chômeurs, les « privilégiés » du secteur public est peut-être un bon créneau électoral mais [c’est] surtout une une fausse bonne solution ».
Rappelant que les fonctionnaires publics territoriaux avec un salaire moyen de 1880 euros net par mois (primes comprises) ne sont « objectivement pas privilégiés », Jérôme Lenoir détaille ainsi ce que représente pour ces fonctionnaires le statut.
« Objet de fierté pour des salariés convaincus d’exercer un métier différent des autres et d’offrir non pas un bien de consommation mais du « vivre ensemble », de l’humain, de l’utile, du lien social, il est une parcelle de la reconnaissance que la collectivité renvoie à ses serviteurs en guise de gratification » écrit-il dans nos colonnes.
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Réunis en congrès les 18 et 19 mai à Nice, les administrateurs territoriaux ont également tenu à évoquer leur attachement au statut. Comme le rappelle Amaury Brandalise, le vice-président chargé de la délégation « carrière, statut, mobilité, nouveaux horizons professionnels » de l’AATF, il vise avant tout à « garantir la continuité du service par-delà les alternances politiques. Les fonctionnaires sont également tenus à certaines obligations qui n’existent pas forcément dans le privé, telles que la réserve et la neutralité, particulièrement importantes dans le contexte actuel ».
D’ailleurs pour ces administrateurs, les difficultés actuelles que peut poser le statut en terme de rigidité -et les polémiques qui en découlent – sont en partie dues à « une sous-utilisation du statut ».
« On peut faire beaucoup de choses dans le cadre du statut. On reporte souvent sur les contraintes statutaires des choix qu’on n’a pas toujours le courage ou la volonté de faire », expliquait ainsi Pierre Laplane, DGS de l’eurométropole de Strasbourg.
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Et si le statut n’est pas pour autant » tabou » chez les administrateurs, ces derniers préfèrent néanmoins se « laisser du temps » (peut-être à la fin de l’année) avant de proposer leurs réflexions sur un sujet…décidément très prisé par nos hommes politiques !