Tapis rouge pour les cryptomonnaies. Dans un message publié sur Linkedin il y a quelques semaines, le maire de Cannes David Lisnard a annoncé vouloir inciter et former les commerçants cannois à l’intégration des cryptomonnaies pour les paiements. Une initiative qui s’inscrit dans le cadre de la stratégie Web3 de la ville, du nom de cette nouvelle version du web exploitant la technologie des chaînes de bloc.
« Il ne s’agit pas ici de juger du bien-fondé desdites cryptomonnaies ou d’en faire la promotion, mais simplement d’éviter que Cannes et les commerces locaux se privent d’une potentielle clientèle à forte capacité d’achats », argumente l’élu qui s’apprête à accueillir l’été prochain le plus grand rassemblement annuel en Europe consacré à la blockchain Ethereum. « Plus de 6 500 accrédités pour un total de 10 000 participants en incluant 300 évènements parallèles, ce sont autant de potentiels clients qui ont l’habitude de payer en cryptomonnaies qui seront dans notre cité », prévoit le maire.
« On devance la révolution »
Outre l’attractivité, les cryptomonnaies seraient ainsi un levier potentiel pour le commerce local. Deux arguments qui font sens pour le maire de Talence, Emmanuel Sallaberry, qui est le premier à avoir déployé l’usage des cryptomonnaies dans sa ville.
« En mars dernier, lors de la 15ème convention économique de la ville, une table ronde portant sur les innovations technologiques telles que les cryptomonnaies et les apports pour l’entreprenariat a suscité un certain engouement auprès des entrepreneurs et commerçants du territoire, explique le maire. Ils ont été intéressés par le fait de pouvoir comprendre un sujet qui semble loin, dont on entend parler de manière furtive et souvent très technique. Or on sait qu’à terme, les paiements en crypto vont augmenter de manière significative. »
Face à cet enthousiasme, la ville opte pour la solution Lyzi, qui accepte le plus grand nombre de cryptomonnaies. Une vingtaine de commerçants, bouchers, agents immobiliers, opticiens… décident de se lancer. Lorsqu’il se rend dans un commerce participant, le porteur de cryptomonnaie scanne un QR code qui précise le montant de la somme en euros, puis le paiement est validé et la somme est versée au commerçant en euros à J+1 ou 2. Le commerçant touche 100% du prix indiqué sans aucun frais.
« Pour une fois, les pouvoirs publics ne sont pas en retard ! On devance la révolution », insiste Emmanuel Sallaberry qui souhaite capitaliser sur l’expérience : « On essaie de voir comment on peut mettre cela en avant, comment on créé du chiffre d’affaires supplémentaire pour les commerçants qui présentent un avantage que les autres n’ont pas. On créé aussi des événements avec des actions dédiées aux touristes, des jeux concours auprès des étudiants… A mon sens, c’est un vrai outil de différenciation. »
D’autres villes pourraient suivre le mouvement. Récemment, Jérémy Eldid, élu d’opposition à la ville de Limoges, a appelé le maire à jouer un rôle de « facilitateur » sur le sujet. C’est le cas aussi d’Auxerre, où, à l’occasion d’un événement dédié à la vulgarisation et à l’éducation sur les technologies blockchain et cryptomonnaies, une quarantaine de commerçants accepteront les paiements en bitcoins.
Thèmes abordés