« L’intendance suivra » : la phrase est prêtée au général de Gaulle, qui nia avoir tenu, et même pensé, de tels propos, irresponsables pour un stratège, militaire de surcroît. Depuis la dissolution improvisée, l’action gouvernementale, l’action de l’Etat, est comme en stase, attendant que les rapports de force politiques décantent. Dans l’intervalle, lequel dure désormais depuis six mois, il est heureux que l’intendance suive pour faire fonctionner les services publics, nationaux et locaux.
Situation délétère
Mais plus les semaines passent, plus on mesure ce que la situation a de délétère. Après deux longs mois estivaux, Michel Barnier arrive donc en septembre à Matignon, sans programme, mais chargé de défendre, dans l’urgence, un projet de loi de finances conçu à partir du « stock » de remèdes de cheval que les services de Bercy tiennent à disposition de tout nouveau gouvernement en panne de projet. C’est ainsi que la lutte contre l’absentéisme devient la priorité du nouveau ministre chargé de la Fonction publique. Même les employeurs publics locaux, toutes obédiences confondues, n’ont pu suivre un débat posé en termes si caricaturaux.
Pendant trois mois, le gouvernement Barnier, minoritaire au Parlement, a donc lancé son train de réformes et de réorientations, auxquelles les institutions du pays se sont préparées. Jusqu’à la motion de censure. Dans les services publics, et particulièrement dans les collectivités locales, tout est à refaire, sans toujours savoir, d’ailleurs, quoi faire.
Absence d’arbitrages
On souhaite bien du courage aux directions financières, qui doivent bâtir un budget sans en connaître les paramètres, faute d’arbitrages politiques. Dans le même registre, les élus locaux doivent-ils re-re-penser l’aménagement de leur territoire à l’aune du ZAN de M. Barnier, ou de celui d’avant ? En l’absence de constance à la tête du gouvernement, d’autres dossiers n’ont pu atteindre le haut de la pile, à l’instar de la protection sociale complémentaire des territoriaux, pourtant jugée prioritaire. Il y en a d’autres, des tas, qui attendent un arbitrage politique qui ne vient pas.
L’intendance suivra : la phrase fut aussi prêtée à Napoléon, qui subit la déroute de la campagne de Russie quand, justement, l’intendance ne suivit plus. Il s’agirait, pour 2025, de ne pas en arriver là.