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Décentralisation

« La loi “Notre” suscite encore la colère des maires »

Publié le 18/06/2024 • Par Jean-Baptiste Forray • dans : France

Gazette 25, Luc Châteal
Eric Soudan/Alpaca/Andia.fr
Ancien journaliste et désormais fonctionnaire territorial, Luc Chatel est allé à la rencontre des édiles des villes et des campagnes. L’homonyme de l’ancien ministre de l’Education publie un livre à mi-chemin entre l’enquête et l’essai : «Qui veut la peau des maires de France ?». Et le tableau n’est pas très réjouissant...

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Son grand-père était maire d’un village dans la région de Boulogne-sur-Mer (Nord). Devenu journaliste à « Témoignage chrétien », l’hebdo aujourd’hui disparu des cathos de gauche, Luc Chatel est allé régulièrement à la rencontre des édiles des villes et des campagnes. Implanté à Saint-Etienne depuis quelques années, il a assuré la correspondance du « Monde » avant de basculer de l’autre côté du miroir. Militant du service public, il a passé, à la veille de la cinquantaine, le concours de rédacteur territorial. Après l’avoir réussi, Luc Chatel a intégré le service de la communication d’une commune de 7 000 habitants de l’agglomération stéphanoise, La Talaudière, qu’il dirige depuis un an.

L’homonyme de l’ancien ministre de l’Education nationale publie, ce printemps, un livre à mi-chemin entre l’enquête et l’essai : « Qui veut la peau des maires de France ? » (1). Un an après l’incendie criminel perpétré contre le domicile du premier magistrat de Saint-Brévin et le traquenard dans lequel a failli périr la femme de l’élu de L’Haÿ-les-Roses durant les émeutes de l’été 2023, le tableau n’est pas très réjouissant. « Pendant longtemps, le mandat de maire se résumait à deux mots : passion et vocation. Aujourd’hui, c’est : agressions et démissions », s’alarme Luc Chatel. Point de doute, pour l’auteur : « Le maire est devenu, à la fois, l’objet du mépris de l’Etat et des colères des Français, dont il a pourtant été l’élu préféré. » De l’inflation des normes aux citoyens consommateurs, Luc Chatel met en lumière les phénomènes qui empoisonnent la vie des édiles. Un livre qui résonne, en creux, comme une ode à la commune et la République au village.

Au-delà des agressions, très médiatisées, de Saint-Brévin et L’Haÿ-les-Roses, quelles sont les affaires les plus graves, les plus emblématiques, à l’origine du blues des maires ?

A Plougrescant, dans les Côtes-d’Armor, Anne-­Françoise ­Piédallu a reçu des menaces de mort. Elle a découvert, à deux reprises, que sa voiture avait été trafiquée : d’abord, une roue a été ­desserrée, puis les quatre freins de son ­véhicule ont été sectionnés.

A Rezé, ville de 43 000 habitants près de Nantes, le maire Hervé Neau a été retrouvé pendu dans la mairie. Durant plusieurs semaines, il avait été la cible d’un corbeau qui lui avait envoyé, ainsi qu’à des membres de sa famille, à des élus et à un journaliste, des courriers diffamatoires sur sa vie privée. Avant de se suicider, Hervé Neau a laissé sur son bureau de maire une lettre manuscrite dans laquelle il expliquait que ce harcèlement était l’unique raison de son geste.

A Ledeuix, dans les Pyrénées-­Atlantiques, le maire, Bernard ­Aurisset, a un profil de battant. Cet ancien joueur de rugby, cadre supérieur dans une très grande entreprise, a quitté son travail pour se consacrer à sa commune de 1 000 habitants. Mais il s’est retrouvé face à un mur : celui de l’Etat, qui l’a lâché quand il a voulu reconstruire son école incendiée et lorsqu’il a dû faire face à un habitant agressif qui l’a frappé et mis à terre devant ses petits-enfants. Cette personne s’est révélée être un important trafiquant de drogue, suivi par la gendarmerie et la justice, mais ces dernières n’avaient pas cru bon d’informer le maire de sa dangerosité. ­Bernard Aurisset m’a confié avoir connu de vrais moments de découragement.

De quoi toutes ces agressions sont-elles le nom ?

Elles révèlent une désacralisation du maire. Didier ­Demazière et Rémi Lefebvre ont récemment publié un livre sur ces « élus déclassés ». Le deuxième avait lancé un signal d’alerte au lendemain des élections municipales de 2020. Il avait publié une étude qui démontrait que l’abstention touchait les municipales comme elle avait atteint les autres scrutins, à l’exception de la présidentielle. On peut aussi citer une étude de 2017, selon laquelle la moitié des Français ne connaissent pas le nom de leur maire.

A un niveau plus global, ces agressions révèlent une montée de l’individualisme et de l’agressivité dans la société. De plus en plus de Français considèrent leur rapport à la politique par le seul prisme de la défense de leurs intérêts particuliers, sans aucun égard pour l’intérêt général. Ce sont eux que je nomme les citoyens consommateurs. Et de nombreuses études révèlent que, depuis le Covid, les Français sont devenus bien plus agressifs et impatients dans tous les domaines de la vie quotidienne.

Dans quelle mesure les règles de la transparence entravent-elles, selon vous, la mission des maires ?

L’Etat et les parlementaires ont voulu agir sur la question des conflits d’intérêts juste après l’affaire ­Cahuzac, en créant, en 2013, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique et en votant une loi sur la transparence de la vie publique.

Or cette dernière, et la jurisprudence qui a suivi, a abouti à des dérives qu’illustre par exemple la question du déport. Ce principe veut qu’un élu local membre du bureau d’une association ne participe pas au vote de l’attribution d’une subvention à l’association dont il fait partie. Ainsi, Jean-Marc Lacroix, le maire d’Uzech-les-Oules, dans le Lot, a été condamné en 2018 pour prise ­illégale d’intérêts parce qu’il avait voté une subvention de 250 euros à une association de poterie.

Le ­procureur avait requis trois mois de prison et deux ans d’inéligibilité ! Par la suite, le juge a exigé du maire, ou de l’adjoint, qu’il ne vote pas l’attribution de la subvention et sorte de la salle du conseil au moment du vote. ­Beaucoup de maires ne connaissent toujours pas cette obligation.

En quoi l’Etat met-il des bâtons dans les roues des maires ?

Tous déplorent un manque de consultation de l’Etat lorsqu’il élabore des lois les concernant au premier chef. C’est le cas pour la loi de 2005 en faveur de l’accessibilité des personnes handicapées. Aucun édile ne discute bien sûr cet objectif. Mais la mise en œuvre de ce texte est quasi impossible pour beaucoup d’entre eux, car ils n’en ont ni les moyens techniques, ni financiers. Les services préfectoraux pourraient bien les accompagner, mais ce n’est pas le cas. Résultat : alors que les objectifs de la loi « handicap » devaient être atteints en 2015, à peine la moitié a été ­réalisée en 2024.

La loi « Notre » de 2015 suscite aussi la colère des maires contre l’Etat. Ce texte a obligé les communes à intégrer des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), qui sont parfois tellement étendus et regroupent tant de communes que de nombreux édiles n’arrivent plus à faire entendre leur voix. Or, ce sont souvent ces maires de petites ­communes rurales qui cumulent déjà de nombreux problèmes par ­ailleurs. Cette loi a aussi forcé les communes à céder aux EPCI certaines de leurs compétences (eau, déchets, tourisme…). En plus d’une baisse de moyens, les maires dénoncent une réduction de leur capacité ­d’action. On arrive donc à ce double constat selon lequel les maires se font ­beaucoup plus agresser qu’avant, et souvent bien plus violemment, alors même qu’ils ont moins de pouvoirs qu’avant. C’est l’une des raisons pour lesquelles ils sont de plus en plus ­nombreux à démissionner.

Notes

Note 01 Aux éditions du Cherche-Midi. Retour au texte

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Commentaires

« La loi “Notre” suscite encore la colère des maires »

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VPY

19/06/2024 05h47

Bonjour,

Contrairement Ă  ce qui est indiquĂ© dans l’article, TĂ©moignage chrĂ©tien » existe encore bel et bien, sous forme de lettre hebdomadaire et d’un ouvrage Ă©toffĂ© semestriel. Sa rĂ©dactrice en chef est Christine PEDOTTI.

Bien cordialement

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