Une enquête sur l’impact du cinéma et de la fiction à la télévision sur le tourisme en France, publiée en début d’année par le CNC, montre le développement du ciné-tourisme, démarche « consistant à choisir ses destinations de vacances en fonction des lieux de tournage des productions audiovisuelles ».
La recherche montre que les films et les séries télé peuvent constituer des « outils efficaces de valorisation des territoires » et même favoriser la création d’offres commerciales touristiques.
L’étude a comporté trois volets, l’un sur les touristes étrangers à Paris, un autre sur l’appréciation de l’ensemble des Français, par sondage, mais surtout un troisième volet sur les touristes français et étrangers en région, à travers un travail de terrain sur quatre sites : Marseille, Nice, Sète et Tours. Si l’étude souligne que « les films et les séries tournés dans les régions de France ont un impact positif sur l’envie des touristes de visiter ces régions, notamment des touristes étrangers », l’influence directe sur la décision de visiter une région spécifique est plus forte à Sète que dans les trois autres cas (deux à trois fois plus, qu’il s’agisse des touristes français ou étrangers).
Sète : un touriste sur cinq
Depuis Jean Gabin dans « Pépé le Moko », en 1937, et « La Pointe courte » d’Agnès Varda, en 1954, les liens entre le port de Sète et le cinéma n’ont fait que se renforcer au fil du temps.
« Notre dernière enquête de clientèle, qui date de 2019, montrait que l’impact des films et des séries jouait pour 15 % des visiteurs et 30 % des primo-visiteurs, et montait à 25 % chez les excursionistes, les touristes qui viennent pour la journée mais ne séjournent pas sur le territoire », explique la directrice générale de l’office de tourisme Archipel de Thau, Tiphaine Collet, précisant qu’une nouvelle étude est en cours.
Selon l’étude du CNC, 18 % des touristes français interrogés et 8 % des étrangers interrogés avaient décidé de venir à Sète après avoir vu un film ou une série.
Plus d’une soixantaine de long-métrages ont été tournés à Sète depuis l’entre-deux-guerres. La série « Candice Renoir », qui avait commencé en 2012, y est restée une dizaine d’années et, depuis 2017, « Demain nous appartient » a élu domicile dans le port héraultais.
« La production a dû changer de lieu car cela attirait tellement de gens que ça empêchait les tournages. Depuis, le café ‘le Spoon’ est devenu une boutique gardée par l’office de tourisme », raconte Tiphaine Collet, avant d’ajouter « qu’une guide privée organise des visites des lieux de tournage de la série depuis 2018 ».
Dunkerque : anticiper le succès du blockbuster
Il n’est pas donné à toutes les viles de bénéficier du tournage d’un blockbuster de Christopher Nolan. Le film de guerre américano-britanico-néerlandais, sorti en 2017, a remis les feux des projecteurs sur Dunkerque et l’opération Dynamo, gigantesque manœuvre d’évacuation des troupes britanniques. « A la suite du projet de tournage, la communauté urbaine de Dunkerque a décidé de rénover le musée afin d’anticiper une montée en charge des visites. Après des travaux en plusieurs étapes, le nouveau musée a rouvert en 2019 », explique Adélie Francke, médiatrice culturelle du musée dunkerquois.
Le musée a doublé de volume et, depuis, le nombre de visiteurs a également doublé : 75 000 en 2022, 105 000 en 2023. « Ce n’est pas le premier film sur cet événement historique. En 1964, « Week-end à Zuydcoote », avec Jean-Paul Belmondo, traitait déjà de l’évacuation qui a eu lieu entre le 28 mai et le 3 juin 1940. Mais c’est sûr que le dernier a eu beaucoup d’impact, du fait de la renommée du réalisateur », souligne Adélie Francke.
La mairie de Dunkerque a également fait des efforts pour rendre le lieu touristiquement plus attractif : « La digue a été refaite et deux monuments ont été installés près du musée, dont un souvenir de l’opération, un sablier de près de 8 mètres de hauteur. Nous préparons également des événements. L’année dernière, c’était les 60 ans du film avec Belmondo. L’année prochaine nous célébrerons les 85 ans de l’opération et nous espérons la venue de nombreux ‘little ships’ qui n’ont pu venir il y a cinq ans en raison de la pandémie », assure Adélie Francke.
Netflix signe avec Atout France un partenariat d’engagement
Le CNC n’a pas le monopole des études sur le cinéma et le tourisme. Dans un communiqué, l’agence nationale pour le tourisme Atout France et l’opérateur Netflix ont annoncé avoir signé « une lettre d’engagement en faveur du rayonnement de la France », à la suite des résultats de l’étude menée par l’institut d’études Basis auprès des abonnés de la plateforme de streaming indiquant que « la diffusion de ces films et séries renforce l’attractivité culturelle et touristique de la France ».
Ainsi, Netflix et Atout France « dévoilent une campagne publicitaire, “On n’a pas fini d’imaginer la France”, ainsi qu’une collection inédite de guides touristiques afin de découvrir la France autrement, dans les pas des héros Netflix », précise le communiqué.
Selon l’étude, « les abonnés Netflix qui ont regardé ces films et séries auront généralement davantage envie de découvrir la culture française en poursuivant l’expérience à leur manière :
63 % souhaitent venir visiter les sites culturels et les monuments, 61 % désirent s’initier aux spécialités culinaires, 58 % veulent arpenter les villes françaises portées à l’écran ».
L’enquête indique également que « les spectateurs ayant regardé des productions en langue française sont 3,5 fois plus désireux d’apprendre à parler français que les spectateurs non exposés (32 % vs. 9 % des sondés) ».
Références
- Impact du cinéma et de la fiction TV sur le tourisme en France
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