Dans son rapport sur la tarification progressive de l’eau publié en novembre, le Cese a alerté sur la « fin d’une eau bon marché à court et moyen terme ». Il pointe la nécessité d’une « modernisation des réseaux pour améliorer le rendement des canalisations, ainsi que les coûts croissants de traitement de potabilisation du fait des rejets polluants ». Il préconise d’« anticiper l’inéluctable augmentation des tarifs des services d’eau potable » en lançant une étude prospective, sous l’égide du secrétariat général à la planification écologique, afin « d’évaluer les impacts économiques, sociaux et environnementaux de cette hausse ».
Même son de cloche du côté de la FP2E qui, dans une étude publiée fin 2023, estime à 28 % par an, entre 2015 et 2030, la croissance des dépenses pour l’eau et l’assainissement. Elle souligne qu’il faudrait investir 3 milliards d’euros par an sur cinq ans, principalement pour renouveler les réseaux d’eau potable et les interconnecter, mettre aux normes les stations d’épuration et lutter contre les micropolluants.
Des augmentations du prix de l’eau inévitables
Selon la même étude, les prix de l’eau potable ont progressé de 1,3 % en moyenne par an entre 2010 et 2021, contre 2 % pour l’assainissement (voir les graphiques ci-dessous) et 1,7 % pour le Smic horaire. Une hausse bien moins importante que celles de l’énergie ou de la collecte des ordures ménagères.
« A court terme, des augmentations assez significatives du prix de l’eau sont inévitables. C’est lié à un effet de ciseau. D’une part, les charges d’investissement – renouvellement des réseaux et sécurisation de l’approvisionnement, nouvelles normes sur l’eau potable et l’assainissement – et de fonctionnement – énergie, réactifs et traitements plus complexes – croissent. D’autre part, les consommations d’eau, et donc les recettes, diminuent. Cette baisse, souhaitable sur le plan environnemental, est compliquée à gérer au niveau économique, car le financement des services d’eau est largement proportionnel aux volumes vendus », analyse Régis Taisne, chef du service « eau » à la FNCCR.
La réflexion sur une tarification incitative, ainsi que le débat tarifaire dans le cadre de l’intercommunalisation des services d’eau et d’assainissement, pour les communes qui n’ont pas encore transféré ces compétences, sont d’autres voies possibles pour accroître le prix de l’eau.
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