RĂ©ponse du ministère de l’Économie, des finances, de la souverainetĂ© industrielle et numĂ©rique : L’accès des entreprises locales Ă la commande publique est essentiel pour le dĂ©veloppement Ă©conomique des territoires, la croissance des petites et moyennes entreprises (PME) et le dĂ©veloppement durable.
Il s’agit donc d’une prĂ©occupation majeure du Gouvernement.
C’est pourquoi le titre II du projet de loi industrie verte a pour objectif d’accroĂ®tre l’accès des entreprises locales Ă la commande publique, en renforçant la prise en compte de la qualitĂ© environnementale des prestations des candidats aux contrats de la commande publique.
En effet, le projet de loi incite les acheteurs publics Ă tenir davantage compte des critères environnementaux pour l’attribution de leurs marchĂ©s publics par rapport aux critères purement financiers. Cela permettra de favoriser les entreprises françaises soumises Ă une rĂ©glementation stricte en la matière et proposant des offres performantes d’un point de vue environnemental, au dĂ©triment d’offres de pays tiers offrant des prix plus bas, mais pour une qualitĂ© environnementale moindre.
La dĂ©marche visant Ă valoriser une commande publique responsable et locale doit nĂ©cessairement s’inscrire dans le respect des principes constitutionnels de la commande publique et des principes de non-discrimination et de libertĂ© de circulation des personnes, des capitaux et des services Ă©noncĂ©s dans les traitĂ©s de l’Union europĂ©enne, lesquels font obstacle Ă la prise en compte de considĂ©rations gĂ©ographiques afin de favoriser les opĂ©rateurs Ă©conomiques en fonction de leur localisation.
La Cour de justice de l’Union europĂ©enne comme le juge national censurent ainsi rĂ©gulièrement les critères d’attribution ou des conditions d’exĂ©cution conduisant Ă rĂ©server les marchĂ©s publics Ă des entreprises en raison de leur implantation locale ou de leur nationalitĂ© ou Ă privilĂ©gier l’utilisation de produits locaux.
Par conséquent, toute modification du droit de la commande publique instituant un droit de préférence locale serait censurée comme inconventionnelle et inconstitutionnelle.
Outre les mesures portĂ©es par le Gouvernement dans le projet de loi industrie verte, le code de la commande publique offre dĂ©jĂ aux acheteurs des outils leur permettant de faciliter l’accès des TPE/PME Ă la commande publique, notamment par une dĂ©finition claire de leurs besoins, la pratique du sourçage, un allotissement pertinent ou l’utilisation de critères privilĂ©giant la qualitĂ© ou le dĂ©veloppement durable.
A cet Ă©gard, l’accès des entreprises locales Ă la commande publique et la prĂ©servation de l’environnement, ne se confondent pas nĂ©cessairement avec la notion de circuit court, laquelle implique uniquement un nombre rĂ©duit d’intermĂ©diaires, quel que soit leur lieu d’implantation.
Afin d’accompagner les acheteurs dans le maniement de ces outils et de sĂ©curiser leur utilisation, le Gouvernement poursuit d’ailleurs sa dĂ©marche de diffusion des bonnes pratiques : l’Observatoire Ă©conomique de la commande publique a notamment Ă©laborĂ© un « Guide pratique pour faciliter l’accès des TPE/PME Ă la commande publique » et le ministre de l’agriculture a publiĂ© un guide « Favoriser l’approvisionnement local et de qualitĂ© en restauration collective ». Le droit de la commande publique permet Ă©galement aux acheteurs de promouvoir des offres respectueuses de l’environnement.
Outre que les collectivitĂ©s sont tenues de procĂ©der Ă une dĂ©finition claire de leurs besoins en y intĂ©grant des objectifs de dĂ©veloppement durable dans leurs dimensions Ă©conomique, sociale et environnementale (art. L. 2111-1), elles peuvent dĂ©jĂ attribuer leurs marchĂ©s sur la base de critères sociaux et environnementaux dès lors que de tels critères sont objectifs et liĂ©s Ă l’objet du marchĂ© ou Ă ses conditions d’exĂ©cution (art. L.2152-7).
Cette dĂ©marche a d’ailleurs Ă©tĂ© renforcĂ©e par la loi n° 2021-1104 du 22 aoĂ»t 2021 portant lutte contre le dĂ©règlement climatique et renforcement de la rĂ©silience face Ă ses effets, dont l’article 35 impose que, d’ici le 21 aoĂ»t 2026, tous les marchĂ©s publics comportent des clauses environnementales et soient attribuĂ©s sur la base d’un critère tenant compte des caractĂ©ristiques environnementales des offres.
Le projet de loi industrie verte prĂ©cise par ailleurs que la date d’entrĂ©e en vigueur des dispositions de cet article peut ĂŞtre fixĂ©e par dĂ©cret de manière diffĂ©renciĂ©e selon l’objet du marchĂ©.
Les acheteurs peuvent Ă©galement se rĂ©fĂ©rer aux nouveaux cahiers des clauses administratives gĂ©nĂ©rales dont les stipulations environnementales prĂ©cisent les obligations Ă la charge du titulaire en matière de stockage, emballage, transport et gestion des dĂ©chets. Ces dernières proposent, par ailleurs, une liste non exhaustive de critères que les documents particuliers du marchĂ© peuvent prendre en compte sur l’ensemble du cycle de vie des produits, ouvrages ou services acquis (rĂ©duction des prĂ©lèvements des ressources, composition des produits et notamment leur caractère Ă©cologique, polluant ou toxique, etc.).
En outre, le Plan national pour des achats durables (PNAD) 2022-2025 a pour objectif d’accompagner le dĂ©ploiement des avancĂ©es de la loi Climat et rĂ©silience en donnant des outils aux acheteurs.
La crĂ©ation des « guichets verts », service gratuit de conseil environnemental, figure parmi les actions dĂ©jĂ mises en Ĺ“uvre au profit des acheteurs, avec une attention particulière accordĂ©e aux petites collectivitĂ©s. Un outil d’autodiagnostic règlementaire (« La RĂ©f ») rĂ©pertorie en outre la règlementation des achats publics durables. Ces services sont offerts par les rĂ©seaux rĂ©gionaux de la commande publique, en partenariat avec le ministère de la transition Ă©cologique et de la cohĂ©sion des territoires.
La plateforme Ă©lectronique du rĂ©seau des acheteurs intĂ©grant le dĂ©veloppement durable (Rapidd) rĂ©unit Ă©galement diffĂ©rentes ressources, et permet aux membres d’Ă©changer et de diffuser des informations.
Enfin, la direction des affaires juridiques du ministère de l’Ă©conomie, des finances et de la souverainetĂ© industrielle et numĂ©rique est investie dans l’accompagnement des acheteurs par l’intermĂ©diaire des guides qu’elle produit et grâce Ă la page dĂ©diĂ©e aux « achats publics responsables » qu’elle tient Ă jour sur son site. Cette dernière intègre une prĂ©sentation qui reprend les enjeux et règlementations de l’achat public durable.
Tous ces Ă©lĂ©ments sont de nature Ă renforcer les incitations Ă poursuivre, au niveau local comme au niveau national, des politiques publiques prioritaires dans le domaine environnemental, sans qu’il soit nĂ©cessaire d’instaurer un dispositif juridiquement fragile de prĂ©fĂ©rence locale pour l’attribution des marchĂ©s publics.
Références
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