C’est un maire de village, fraîchement élu en juin 2020. Agriculteur de profession, Arnaud Svrcek n’avait jamais battu le pavé avant de revêtir l’écharpe tricolore. Pas le genre de la maison.
Dans les environs de Soissons, le fatalisme est de mise depuis ces maudites années 1980. Les fleurons de la région, en particulier le groupe de chaudronnerie BSL qui fournissait des pièces pour les centrales nucléaires, ont tous pris la poudre d’escampette. Ils sont allés produire dans des pays à bas coût.
Quelque 7 000 emplois ont été rayés de la carte en l’espace de trois décennies. Le territoire est devenu « un désert médical et culturel, avec un gros taux d’illettrisme », évoque le premier magistrat de Courmelles (Aisne).
Placé à quarante-cinq minutes de Roissy, le Soissonnais possède cependant des capacités de rebond. Quand le géant danois de la laine de roche, Rockwool, a déniché un terrain à Courmelles pour construire une usine de 120 emplois, les élus du Grand Soissons ont tout de suite « topé ».
Mais, depuis, Arnaud Svreck est entré en résistance. Il accuse le mastodonte de mettre à mal l’environnement. Une version moderne de David contre Goliath, qu’il raconte dans un livre fiévreux. Un combat, qu’Arnaud Svreck le sait, sa commune est loin d’avoir gagné. Rien, à le lire, ne lui est épargné.
Face au « petit » maire, le patron (DVD) de la communauté d’agglomération Alain Crémont déploie toute son énergie. Cet ancien entrepreneur n’en manque pas. Mais dans le camp d’en face, Arnaud Svreck peut compter sur un soutien incomparable : celui de ses 1 870 administrés qui ont décidé de ne pas se laisser faire.
Pourquoi vous êtes-vous opposé à l’implantation de Rockwool dans votre commune ?
Mon prédécesseur avait vu arriver cette entreprise comme le ticket gagnant du loto qui lui permettrait de financer les travaux de la commune. On lui avait dit que l’activité serait sans risque pour la santé et il le croyait sincèrement. Moi-même, je ne maîtrisais pas le dossier en arrivant. Je l’ai peu à peu découvert…
Cette usine, si elle voit le jour, va recracher des rejets toxiques nuit et jour avec sa cheminée de 47 mètres. Le taux d’ammoniac sera aussi élevé que dans l’aciérie géante d’ArcelorMittal à Grande-Synthe (Nord). Les professions médicales, qui ont un avis éclairé sur la pollution, sont d’ailleurs toutes opposées à cette implantation.
Nous sommes aussi face à un projet énergivore qui consommera l’équivalent de 3,3 % de la production d’un réacteur nucléaire, ce qui est considérable. Les besoins en eau, eux, s’élèvent à 11 000 litres par heure ! Un comble, alors que nous sommes en plein mois de décembre sous le régime de la restriction d’eau dans l’Aisne. Une première.
Ma commune, qui présente les avantages
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