Qui se plaindra du processus de planification écologique impulsé dans ce second quinquennat, et que Christophe Béchu défend dans nos pages ? Les optimistes salueront ce nouvel élan, qui promet d’embarquer tout le monde – dont les collectivités – dans le déploiement d’une stratégie globale. Les sceptiques noteront que l’on engage une énième concertation.
Certes, le ministre de la Transition écologique assure qu’il « ne s’agit pas de refaire le diagnostic, mais de poser les mesures à prendre », ce à quoi ses contradicteurs rétorqueront que, si le diagnostic est effectivement connu de longue date, les mesures à prendre, aussi ! Les pessimistes, quant à eux, souligneront que nous procrastinons depuis bien trop longtemps, à tel point que nos marges de manœuvre ont fondu comme neige au soleil.
Rustines
De fait, la planification écologique est peut-être lancée au pire moment qui soit, sans pouvoir sereinement préparer le pays aux enjeux à venir, mais pour répondre à la conjonction de plusieurs crises. Crises qui contraignent le gouvernement à appliquer des rustines qui coûtent très cher au lieu d’investir sur le long terme.
Prenons le cas de l’eau, champ de procrastination par excellence en France. Nous ne sommes toujours pas dans les clous de certaines directives européennes, près de vingt ans après leur adoption, tandis que l’Etat fait les poches des agences de l’eau depuis des années, obérant leurs capacités d’investissement. Résultat : un retard considérable dans le renouvellement des réseaux, exigeant de mobiliser annuellement des milliards d’euros.
Éparpillement
Mais où trouver l’argent ? Dans le porte-monnaie des Français, en faisant exploser les prix de l’eau, après ceux de l’électricité, et avant ceux des déchets ? Dans les budgets des collectivités, à la progression limitée par le gouvernement pour « contribuer au redressement des comptes publics » ?
Budgets d’ailleurs mobilisés sur bien d’autres chantiers et pas des moindres, si l’on songe aux hausses de salaires à consentir pour redonner de l’attractivité aux carrières publiques. Entravée par des budgets limités, éparpillée en mille priorités, l’action publique se trouve dans une terrible nasse.
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