C’est un coup classique de tous les gouvernements : présenter en grande pompe devant les caméras et les micros de journalistes des plans à plusieurs centaines de millions d’euros pour répondre à telle catastrophe ou à telle crise, les millions en question consistant en du recyclage de crédits de différents programmes. Le plan France Relance, mis en place pour faire face aux effets de la crise sanitaire, en est l’un des derniers exemples. Après un été qui a décliné toute la palette des effets du dérèglement climatique, la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé, le 27 août, la mise en place d’un « fonds vert » de 1,5 milliard d’euros à destination des collectivités afin de les accompagner dans leurs projets de transition écologique. Un beau cadeau de rentrée et le signe de la reconnaissance de leur rôle de premier plan pour répondre aux changements environnementaux.
Peinture verte
A l’heure où nous écrivons, Elisabeth Borne a seulement précisé que le fonds pourrait être utilisé pour la réhabilitation de friches en vue de limiter l’étalement urbain, afin de ramener la nature en ville ou de rénover des bâtiments publics. Or, le 14 juin, elle avait déjà promis un programme de renaturation des villes doté de 500 millions d’euros. Et le fonds « friches », créé dans le cadre de France Relance, a été remis en selle pour la troisième fois en février, avec une dotation de 100 millions d’euros. Certains, au sein des associations d’élus locaux, se demandent également s’il ne s’agirait pas d’une nouvelle appellation de la dotation de soutien à l’investissement local… repeinte en vert.
Eviction
L’urgence climatique est telle qu’on ne peut plus se contenter de mesurettes ou du « ripolinage » de l’existant. Ce type de financements pose aussi la question de l’ingénierie nécessaire pour monter les projets, remplir les dossiers, et donc de l’éviction des plus petites collectivités. Sans compter qu’il faudra bien – et vite –, mettre un terme aux injonctions contradictoires qui soutiennent, voire stimulent, des investissements médiatiquement porteurs, en limitant drastiquement les dépenses de fonctionnement qu’ils induisent. A cette aune, c’est la conception même des budgets publics qu’il faut inscrire dans la transition écologique, sans tour de passe-passe…