L’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) vient de publier une note qui chiffre, pour la première fois, le besoin de financements publics pour l’adaptation de la France au changement climatique. A savoir 2,3 milliards d’euros par an, à inscrire dès ce mois-ci dans la loi de finances rectificative, pour redimensionner, entre autres, les politiques publiques de protection de la ressource en eau ou de sécurité civile. Côté collectivités, les budgets verts qui fleurissent permettent de rendre visible et de flécher leur action vers des objectifs climatiques (lire sur notre Club finances les nombreux articles sur le sujet).
Douche froide
Mais l’action publique peut bien modifier ses priorités, rien de significatif ne se produira si le système financier dans son ensemble n’est pas mobilisé. Sur ce plan, si l’on en croit Julien Lefournier (et il est très convaincant), c’est la douche froide. Invité par l’Agence France locale le 16 juin, cet ex-banquier coauteur, avec Alain Grandjean de « L’illusion de la finance verte » (éd. de l’Atelier, 2021) a expliqué aux grands argentiers publics locaux que la finance verte, ça n’existe pas ! Pour la simple raison que la responsabilité première des investisseurs internationaux n’a pas changé : maximiser les profits de leurs clients.
Or, un projet vert, en l’état, coûte plus cher qu’un autre basé sur une logique extractive. Tant que ces fondamentaux économiques n’auront pas bougé, il n’y a rien à attendre des obligations vertes ou autres instruments financiers prétendument vertueux. Bref, l’argent n’a pas d’odeur, ni de couleur, et celle-ci ne serait certainement pas verte.
Dette inéluctable
Le changement ne peut venir que de l’extérieur du système, du politique en l’occurrence, affirme Lefournier. C’est un choix de société qu’impose le dérèglement climatique, et la définition de nouvelles priorités, tant la dette climatique paraît bien plus inéluctable que la dette financière. Car, autant on voit bien comment discuter, voire contraindre, les créanciers du monde, autant on voit mal comment négocier avec dame Nature.
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