Qu’est-ce qui pousse certains voisins, notamment depuis la pandémie, à prendre des initiatives pour favoriser l’entraide ? C’est à cette question que l’ethnosociologue Camille Arnodin a tenté de répondre, dans une enquête de terrain publiée en avril. A l’origine de ce projet, une rencontre, début 2020, avec Stéphane Vincent, le délégué général de La 27e Région, et Patrick Bernard, le fondateur de La République des hyper voisins, un laboratoire d’innovation sociale installé dans le 14e arrondissement parisien. Les discussions sont centrées sur la volonté de documenter la genèse des initiatives citoyennes, dont on connaît l’intérêt en matière de liens et de bien-être, mais peu les coulisses.
Après cette phase de réflexion, les choses s’accélèrent en mai 2021. Désireuse de lancer une enquête autour de la convivialité et de la solidarité de proximité, la mission « résilience » de la ville de Paris se montre intéressée par les recherches du trio. Grâce à un partenariat signé entre eux, Camille Arnodin commence cette enquête sur les coulisses des initiatives citoyennes. Pendant plusieurs mois, elle interroge des dizaines de citoyens impliqués ou porteurs de projet au sein des associations parisiennes Quartier de soleil, Saint-Yves nouvelle et La République des hyper voisins. Pour construire ce travail, elle participe également à des réunions et collecte des informations sur leurs conversations sur les réseaux sociaux.
Cette action n’est que la première étape d’une série d’enquêtes menées sur des terrains métropolitains et franciliens autour des mécanismes à l’œuvre dans les initiatives citoyennes, dont les conclusions devraient être publiées en 2023.
Pourquoi vous êtes-vous focalisée sur trois initiatives et quelles différences avez-vous observées entre ces processus qui partent des habitants et ceux lancés par les collectivités ?
Etudier une initiative dans un quartier prioritaire de la politique de la ville et une lancée pendant le confinement était une volonté de la mission « résilience » de la ville de Paris. Outre La République des hyper voisins, j’ai donc travaillé sur l’association Quartier de soleil, dans le 17e arrondissement, qui développe du lien social et de la solidarité entre les habitants, et l’Asyn, située dans une résidence du 14e, pour recréer la solidarité et la convivialité d’antan au sein de la Cité du souvenir, créée dans les années 20 par l’abbé Keller.
Ce que j’ai constaté, c’est que les gens ne sont pas forcément motivés pour candidater aux budgets participatifs ou se joindre aux conseils de quartier et citoyens. Emotionnellement, cela ne
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Gazette des Communes