On se souvient de l’effet dévastateur des mots de l’ancien président de la République, François Mitterrand, en 1993 : « Contre le chômage, on a tout essayé ». C’est ce même sentiment d’impuissance que l’on ressent en se penchant sur l’offre de soins dans le pays.
Aucune des réformes ou assouplissements normatifs mis en place ces trente dernières années n’ont corrigé la tendance : la démographie médicale s’effondre, y compris en zone urbaine, pendant que le nombre de médecins retraités, mais toujours en exercice, explose. génie territorial. Même le renvoi du dossier aux collectivités, et à leur « génie territorial », à coup de maisons de santé, de prise en charge des loyers, voire d’emplois pour le conjoint, marque le pas.
Les médecins, qui ont flairé la bonne affaire, ne se laissent plus convaincre par les dispositifs d’aide classiques et normés, constatait en substance le directeur de l’agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine aux assises de l’Association des petites villes de France, début septembre.
Les élus locaux, justement, après avoir longtemps compensé, financé, chouchouté… ne savent plus à quel médecin se vouer, et s’exaspèrent, jusqu’à publier, avec des professionnels de santé, une tribune en forme de signal d’alarme (1). fin d’un tabou.
Alors, en matière de déserts médicaux, « on a tout essayé » ? Oui ? Il est une mesure, que les gouvernements successifs ont préféré ne pas tenter, et qui revient avec insistance : limiter la liberté d’installation des médecins. Le sujet n’est plus tabou pour les élus, de tous bords, qui appellent à la réguler.
Emmanuel Vigneron, géographe spécialiste des inégalités territoriales de santé, en est là aussi, clamant que « si on continue comme ça, on va dans le mur ».
D’autres, à l’instar du directeur de l’ARS déjà cité ou de Jérôme Guedj, l’ancien patron (PS) de l’Essonne, compléteraient cette régulation par la fonctionnarisation d’une partie des nouveaux médecins. Car, « quand il y a un déficit de réponses aux besoins du public, il faut créer un service public ! » Les idées ne manquent pas, le courage politique, peut-être.
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Note 01 « Garantissons l'accès aux soins, partout et pour tous », « Le Journal du dimanche », 26 septembre 2021. Retour au texte