Près de neuf heures pour les candidats de la liste de Thierry Mariani. Huit heures pour ceux de la liste de Renaud Muselier. Quasi autant pour ValĂ©rie PĂ©cresse… Qui veut suivre les Ă©lections rĂ©gionales et dĂ©partementales dans les mĂ©dias nationaux n’aura pas trop le choix dans les candidats.
Selon les chiffres compilĂ©s par le Conseil supĂ©rieur de l’audiovisuel (CSA), pour la pĂ©riode du 10 mai au 4 juin (1), près de soixante-trois heures de temps d’antenne ont Ă©tĂ© accordĂ©es Ă des candidats aux Ă©lections rĂ©gionales sur les antennes nationales. En regardant le dĂ©tail par circonscription Ă©lectorale, les candidats en Ile-de-France ont pu s’exprimer pendant vingt-quatre heures, suivis des candidats de Provence-Alpes-CĂ´te d’Azur durant vingt heures et des candidats des Hauts-de-France pendant onze heures.
Si l’on ne regarde que les chiffres pour les chaĂ®nes « tout info », qui reprĂ©sentent environ 60 % du total, soit BFM, LCI et CNews, le podium s’inverse avec 32 % du temps de parole accordĂ©s au candidat en rĂ©gion Provence-Alpes-CĂ´te d’Azur, 31,7 % pour les candidats d’Ile-de-France et 18 % pour ceux des Hauts-de-France.
16% d’antenne pour 43 millions de Français
Ainsi, le reste des candidats se partagent 16 % du temps d’antenne, alors qu’ils vont se prĂ©senter devant 43 millions de Français. La rĂ©gion Auvergne-RhĂ´ne-Alpes, la deuxième rĂ©gion plus peuplĂ©e du pays, n’a eu qu’un peu plus d’une heure d’antenne. Une vingtaine de minutes, guère plus, pour les candidats dans la rĂ©gion Nouvelle-Aquitaine, qui compte six millions d’habitants.
« C’est l’une des difficultĂ©s de cette campagne, confirme-t-on au sein de l’Ă©quipe de Najat Vallaud-Belkacem, tĂŞte de liste en Auvergne-RhĂ´ne-Alpes. Le peu de temps disponible pour exposer les projets aux Ă©lecteurs et les mettre en dĂ©bat constitue un problème. » Parmi les freins identifiĂ©s : la polarisation du dĂ©bat national autour de trois rĂ©gions et la complexitĂ© de mettre en Ĺ“uvre les règles d’Ă©quitĂ©. »
Une polarisation sur deux ou trois rĂ©gions qui se confirme Ă©galement dans les sondages commandĂ©s par les mĂ©dias nationaux : Ile-de-France, Auvergne-RhĂ´ne-Alpes, Hauts-de-France et Provence-Alpes-CĂ´te d’Azur sont les seules rĂ©gions pour lesquelles des chaĂ®nes d’info, notamment CNews et LCI, ont commandĂ© des sondages. De mĂŞme pour les chaĂ®nes du service public, en dehors de la vague de sondages locaux commandĂ©s par France 3 qui ne s’est concentrĂ©e que sur quatre rĂ©gions.
Les départements oubliés
En matière d’Ă©lections dĂ©partementales, c’est le dĂ©sert. Seuls six cantons ont eu les honneurs des micros de chaĂ®nes nationales, avec en haut du podium, celui de Montpellier 1, surtout en raison d’une polĂ©mique raciste autour du port du voile d’une candidate supplĂ©ante.
En tout et pour tout, tous médias et toutes circonscriptions confondues, une heure et quelques de micros a été réservée à des candidats aux élections départementales.
Pluralité politique obligatoire
L’an dernier, feue Michèle LĂ©ridon, membre du CSA, rappelait que « le critère de la pluralitĂ© gĂ©ographique n’entre pas en ligne de compte dans le cahier des charges imposĂ© aux chaĂ®nes pendant les campagnes Ă©lectorales, les autres critères sont dĂ©jĂ assez lourds et demandent un contrĂ´le prĂ©cis de leur part ».
Seul s’impose aux chaĂ®nes l’accès Ă©quitable Ă l’antenne de tous les candidats d’une mĂŞme circonscription, ainsi que le rappellent les recommandations du CSA. Ainsi, CNews a Ă©tĂ© mis en demeure par le CSA pour un temps de parole non Ă©quitable accordĂ© Ă Jordan Bardella, tĂŞte de liste en Ile-de-France, mais Ă©galement pour avoir minorĂ© le temps de parole dĂ©clarĂ© du candidat RN.
Le conseil conclut ainsi : « Une fois cette correction effectuĂ©e conformĂ©ment Ă ce qui vient d’ĂŞtre dit, les temps de parole, dans les programmes de “CNEWS”, des candidats aux Ă©lections rĂ©gionales en Ile-de-France et de leurs soutiens font apparaĂ®tre, pour la pĂ©riode du 10 au 28 mai 2021, des dĂ©sĂ©quilibres en ce qui concerne la prĂ©sentation et l’accès Ă l’antenne des listes en lice. »
Ces chiffres ne concernent cependant que les chaĂ®nes nationales. Au niveau local, une centaine de dĂ©bats doivent ĂŞtre organisĂ©s, pour chaque rĂ©gion et plusieurs dĂ©partements sur les antennes locales de France 3 et France Bleu. Et si LCI organisera deux dĂ©bats entre diffĂ©rents candidats, ça ne sera que pour l’Ile-de-France et les Hauts-de-France.
[L’article a Ă©tĂ© mis Ă jour le 24 juin : une erreur dans les calculs avait doublĂ© l’ensemble des temps de parole, sans rien toucher donc aux Ă©quilibres.]
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Notes
Note 01 Les décomptes sont communiqués par les chaînes au CSA chaque semaine, puis instruits par le conseil, et ensuite publiés en ligne, ce qui explique ce décalage dans le temps. Retour au texte