Un compteur communicant au service à la fois du gestionnaire de réseau de distribution, du consommateur individuel, de la collectivité et de l’industrie française… Dans sa délibération du 7 juillet 2011, rendue publique le 18 juillet, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) « propose de généraliser le dispositif de comptage baptisé Linky ».
Car, à l’issue d’une expérimentation « de plus d’un an menée auprès de plus de 250 000 clients » en Indre-et-Loire et dans l’agglomération lyonnaise, l’autorité administrative indépendante lui trouve de multiples vertus.
Tout bénéfice – A ERDF, Linky offrira « un suivi beaucoup plus fin des évolutions de la demande en temps réel », alors que l’essor des énergies renouvelables, « sources de production d’électricité intermittentes et décentralisées, rend plus difficile l’équilibrage entre la demande et l’offre ».
Au consommateur, il apportera une « amélioration de la qualité du service grâce à la relève à distance et une facturation sur la base de données réelles et non plus estimées » ; plus globalement, il « favorisera la maîtrise de la demande en période de pointe », réduisant ainsi le recours à des moyens de production plus émetteurs que d’autres en gaz à effet de serre et limitant les risques pour le système électrique dans son ensemble.
Aux entreprises opérant sur ce créneau, il permettra de prendre une longueur d’avance sur leurs concurrentes étrangères. Le tout étant équilibré financièrement, « l’investissement initial de quatre milliards d’euros » à la charge d’ERDF devant être compensé par les « futures économies de coûts d’exploitation » attendues du futur compteur.
Pour un socle gratuit d’informations – Dans ces conditions, difficile d’imaginer que le gouvernement n’aille pas dans le même sens que l’autorité de régulation, alors même que le ministre en charge de l’Industrie, Eric Besson s’est, dès l’origine, déclaré clairement favorable au projet de la filiale d’EDF.
Son avis définitif est attendu « au cours de l’été ».
Dans les collectivités, on sera particulièrement attentif au cahier des charges imposé à ERDF en matière d’accès de l’usager aux données délivrées par le compteur. « Chacun, en tout point du territoire et qu’il soit rural ou urbain, devra pouvoir disposer gratuitement d’un socle d’informations sur sa consommation (volume, prix, comparateur d’un mois à l’autre ou sur un an, évolution au cours de la journée, etc.) dans le cadre du service public de distribution d’électricité », précise ainsi le président du Syndicat intercommunal d’énergie d’Indre-et-Loire (SIEIL) et vice-président de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) Jean-Luc Dupont, qui participe au comité de suivi du dispositif Linky. Et il se félicite que, dans sa délibération, la CRE « recommande aux pouvoirs publics une expérimentation permettant d’évaluer les gains de maîtrise de la demande d’électricité (MDE) apportés par un affichage en temps réel des données de consommation ».
Le consommateur dans une jungle tarifaire ? – Car, dans le monde des collectivités, on s’interroge sur la finalité réelle du compteur Linky, en redoutant qu’il ne serve avant tout les intérêts des fournisseurs. « Gare à la jungle des tarifs », s’inquiète Jean-Luc Dupont, rejoint en cela par les organisations de consommateurs… et Eric Besson. Ce que reconnaît d’ailleurs la CRE en évoquant « la multiplication des offres tarifaires » que permettra Linky. Mais elle y voit un avantage pour le consommateur, lesdites offres devant « répondre aux besoins spécifiques de chacun »…
Les autorités organisatrices de la distribution publique d’électricité regroupées au sein de la FNCCR craignent aussi que l’arrivée de nouveaux compteurs ne soit l’occasion d’un tour de passe-passe réglementaire visant à sortir les comptages de la concession. Mais c’est là un autre débat.