Ce qui ne tue pas rend plus fort. Telle est la conviction de Perrine Goulet, forgĂ©e au fil des Ă©preuves qui ont jalonnĂ© sa jeunesse. « Je tombe, mais je me relève toujours. Les coups reçus me renforcent », lance-t-elle, le regard clair, presque froid, malgrĂ© son sourire. NĂ©e en 1978 Ă Nevers – « Tout est sur WikipĂ©dia, Ă mon grand dĂ©sespoir. Je trouve qu’on devrait avoir le droit de rĂ©vĂ©ler ce qu’on veut de sa vie privĂ©e » -, Perrine Goulet a 9 ans lorsque, Ă la suite de la mort de sa mère, elle est placĂ©e dans un foyer de l’enfance. « Il y avait deux ou trois Ă©ducateurs sympas, je me ressourçais auprès d’eux. Mais il y en avait aussi des infects », se souvient-elle. Et puis, la violence n’est pas seulement physique, elle est aussi symbolique. « Quand les ados racontent leurs coucheries Ă une fille de 12 ans, c’est violent. »
Faire la paix avec son passé
La loi du plus fort rĂ©git ce monde clos. « Si tu ne veux pas ĂŞtre toi-mĂŞme un souffre-douleur, tu deviens quasiment bourreau », poursuit-elle. Elle-mĂŞme, l’est-elle devenue ? « Je n’ai jamais frappĂ©, mais faire faire les corvĂ©es aux autres, ça oui », acquiesce-t-elle avec une franchise dĂ©concertante. Cette violence ressurgira plus tard, au moment d’éduquer ses enfants. « J’ai reproduit ce qu’on m’avait fait subir. On se rend compte du mal qu’on a fait. » A leur adolescence, elle entame une thĂ©rapie qui l’aidera à « faire la paix » avec son passĂ©. Au foyer, ce qui lui permet de tenir, c’est l’école – elle est bonne Ă©lève – et le handball qu’elle pratique dès le collège. A sa sortie, elle part vivre chez les parents de son copain rencontrĂ© au lycĂ©e et dĂ©couvre le calme, « les petits-dĂ©jeuners prĂ©parĂ©s ». Avec un bac en poche, elle dĂ©croche un poste de conseillère de clientèle chez EDF-GDF. Au fil des ans, le Smic ne suffisant plus, elle dĂ©cide de passer des diplĂ´mes et devient cadre ! Impensable pour une ancienne de l’aide sociale Ă l’enfance (ASE).
Même si elle a longtemps été syndiquée au sein de FO, personne ne comprend son entrée en politique. « Même pas mon frère. On a passé Noël ensemble, on n’a pas parlé de politique. J’ai toujours voté, mais la politique, je la regardais de loin. Et six mois plus tard, j’ai été élue députée », sourit la quadragénaire. C’est qu’en janvier 2017, Emmanuel Macron, candidat à la présidentielle, passe à Nevers. « Coup de foudre politique ! Il incarnait quelque chose d’autre, pas le sempiternel droite-gauche. » A l’Assemblée nationale, elle échoue à intégrer la délégation aux droits des femmes, un regret pour cette ardente défenseuse de l’égalité femmes-hommes. La thématique de la protection de l’enfance remonte plutôt du terrain de sa première circonscription de la Nièvre où elle rencontre des associations de l’ASE, de l’adoption, un collectif militant pour les droits de l’enfant. « J’ai réalisé que la protection de l’enfance est un vrai sujet », affirme-t-elle. Elle acquiert une conviction : il faut le porter dans le débat parlementaire.
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