« Le fait de partir en vacances apporte un grand bénéfice sur le plan éducatif. Il permet à l’enfant de faire un pas vers l’autonomie, à la famille de réaliser une séparation éphémère. » Margaud Antoine-Fabry, adjointe au maire de Metz (117 900 hab.), déléguée à la jeunesse, résume ainsi les multiples vertus des colonies de vacances. Celles-ci offrent l’occasion aux enfants de rencontrer d’autres enfants, d’autres adultes, de se confronter à de nouvelles règles de vie commune, mais aussi, tout simplement, de s’amuser. Du point de vue des élus locaux, elles sont un formidable outil de mixité sociale et culturelle. Mais celle-ci se conquiert à force de politiques volontaristes et innovantes.
L’ère touristique
Nées à la fin du XIXe siècle, ayant connu une première expansion dans les années 1930, les colonies de vacances ont vécu leur âge d’or après la deuxième guerre mondiale. « Elles ont été le lieu de la réconciliation nationale », observe Jean-Marie Bataille, sociologue et auteur d’un livre incontournable sur le sujet, « A quoi servent les colonies de vacances ? » (éd. Le Social en fabrique, 2018). Les collectivités s’investissent fortement dans cette politique publique. A partir des années 1960, grâce aux cofinancements de l’Etat, elles acquièrent ou construisent des bâtiments dans des lieux propices aux loisirs : les Alpes, la Bretagne. A l’époque, 4 millions d’enfants partent en colo, dans un brassage de diversité sociale et culturelle.
A la fin des années 1970, le déclin s’annonce. « Dans mes recherches, c’est en 1979 que je croise pour la première fois la notion de rentabilité des bâtiments », témoigne Jean-Marie Bataille. Cette exigence de rentabilité inaugurera ce qu’il appelle « l’ère touristique » des colonies de vacances, qui voit se développer les activités récréatives. Celles-ci deviennent de plus en plus sophistiquées ce qui augmente le coût des séjours. « Aujourd’hui, la moyenne du prix d’un séjour d’une semaine est de 550 euros. Les familles défavorisées s’en détournent. Mais les grandes perdantes sont les classes moyennes inférieures, qui ne bénéficient pas des aides de la caisse d’allocations familiales », estime Anne Carayon, directrice générale de la JPA (Jeunesse en plein air), confédération d’œuvres laïques qui soutient l’accès aux vacances. A cette augmentation des coûts s’est ajoutée une désaffection des colonies de vacances par les familles, de plus en plus méfiantes vis-à-vis de l’encadrement et inquiètes de la prise en charge de leurs enfants.
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Gazette des Communes, Club Santé Social
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