Le grand débat s’achève, et il est une question qui attend toujours sa réponse, même si elle est posée par le gouvernement depuis son arrivée au pouvoir : quels services publics voulons-nous ?
De là découleraient des décisions sur les effectifs de fonctionnaires, sur la fiscalité, sur l’arbitrage entre financement par l’usager ou le contribuable. Bref, une méthode rationnelle fondée sur des choix politiques.
Temps de travail des fonctionnaires
Edouard Philippe l’avait inscrite en tête de la démarche Action publique 2022, avant que ce programme ne s’enlise, ou ne soit enlisé, et qu’on n’en entende plus parler que par à-coups et sans vision d’ensemble. Le grand débat était l’occasion rêvée de s’y repencher, avec l’apport, de surcroît, des centaines de milliers de citoyens participants.
Las, deux épisodes récents n’invitent pas à l’optimisme quant à une clarification éclairée, argumentée, partagée et vierge de tout parti pris idéologique.
Le premier est survenu lors du lancement de la réforme de la fonction publique, avec la parution concomitante et fort opportune d’un rapport sur le temps de travail des fonctionnaires, qui tendrait à démontrer à quel point les abus sont nombreux. Quand on veut tuer son chien… Une grosse ficelle, mais manifestement toujours efficace.
Externalisation des services publics
L’autre épisode tient lui aussi de l’instrumentalisation, mais aussi des vieilles lunes. Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des comptes publics, s’est fait remettre, fin mars, un rapport prônant l’externalisation dans les services publics. Il promet pas moins de 25 milliards d’économie sur la dépense publique. Un trésor, et personne ne l’avait vu…
Réalisé par Webhelp, un groupe « leader mondial de l’externalisation » qui plaide donc pro domo devant le ministre, c’est un beau coup de marketing. Guère plus, tant il est radical et schématique. Tant, aussi, il se fonde sur des travaux remontant au début des années 2000 ou à la commission « Attali » datant déjà de plus de dix ans.
L’externalisation, gagnante à tout coup ? Une vieille recette, démentie à de nombreuses reprises. Quant à savoir quels services « nous » voulons, le débat reste ouvert.
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