Le gouvernement tient, envers et contre tout, sa « to do list » de réformes. Au programme 2019, un nouveau « gros morceau » : la mise en place d’un régime universel de retraite. Ce ne sera certainement pas facile. Ce chantier touchera tous les Français, sans pouvoir jouer la carte d’une opposition « public contre privé » ou « privilégiés contre lésés ». Il n’est pas sans danger : chacun cherche d’ores et déjà à savoir s’il va y perdre.
Nivellement
Le régime envisagé, mettant fin à l’existant (42 régimes de retraite fondés sur les principes de répartition et d’annuité), reposerait, tout à l’opposé, sur la recherche d’homogénéité et un système de points. Passer de ces 42 régimes jugés « totalement illisibles et très inégalitaires » à un régime « universel » (lire : unifié entre le privé et le public) suscite, sans surprise dans le climat actuel de défiance, une crainte, sous-jacente mais générale : que le nivellement des retraites se fasse par le bas, sans prise en compte de la pénibilité ou de la spécificité de certains métiers.
Or s’il est une question extrêmement sensible, c’est bien celle du niveau de vie, comme en témoigne la fronde des « gilets jaunes ». On comprend mieux l’appel lancé par Olivier Dussopt pour une forte participation aux élections professionnelles du 6 décembre : le gouvernement aura besoin d’interlocuteurs identifiés et « solides ».
Simulations
Des interlocuteurs, mais aussi des relais de terrain. Notre enquête montre que les services RH sont dès à présent sollicités par les agents préoccupés par leur future retraite. Encore démunis, ces services sont bien en peine pour répondre aux demandes de simulation : les règles du futur système ne sont pas définies.
Les agents redoutent de voir le calcul de leur pension sur les six derniers mois disparaître, mais s’interrogent aussi sur la prise en compte du régime indemnitaire dans l’assiette de cotisation. Autrement dit, la réforme des retraites pourrait amener, par la bande, à des débats de fond tenant à la nature et à la structure de la rémunération des fonctionnaires. Attention : chantier à risques !
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