«Appeler notre région Paca n’a aucun sens » ne manque jamais de rappeler Renaud Muselier, le président (LR) du conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, dont l’acronyme se résume à… Paca.
Depuis son arrivée à la tête de l’institution en mai 2017, en remplacement de Christian Estrosi, il tente de la renommer « Région Sud », sans modifier toutefois officiellement son appellation. C’est que d’autres s’y sont cassés le nez avant lui : le socialiste Michel Vauzelle, qui présidait l’assemblée de 1998 à 2015 avait également tenté de débarrasser ce territoire de son nom interminable et de ce raccourci langagier « Paca » bien pratique, mais peu valorisant.
Un nom qui permet de représenter tous les territoires
En vain : en Provence, dans les Alpes ou sur la Côte d’Azur, chacun revendique sa spécificité et son droit à figurer en en-tête des documents officiels. Lors de la campagne électorale, en décembre 2015, Christian Estrosi avait ainsi déclaré au quotidien La Provence vouloir « faire interdire dans tous les documents administratifs de notre pays le mot Paca », imaginant même « que ce soit l’objet d’une amende si on le prononce ».
Et la où d’autres régions ont pu simplifier leur nom ou le moderniser en saisissant l’opportunité de la réforme institutionnelle de 2015, le périmètre de Paca n’a pas évolué et son nom est donc demeuré identique.
« Nous sommes le Sud! »
Renaud Muselier mise donc sur la méthode douce pour effacer Paca et imposer Région Sud. En juin denier, le conseil régional a mis en œuvre une politique relevant du marketing international, lançant la « Région Sud » comme une marque. « Cette région mérite bien mieux qu’un acronyme, expliquait alors le président dans sa présentation. Nous ne sommes pas PACA. Nous sommes la Provence, les Alpes, la Côte d’Azur. Nous sommes Le Sud ! », résumait-il, annonçant « avec fierté », la naissance de la « marque Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur », érigée en « symbole » de l’identité régionale. Et de conclure : « Ne m’appelez plus jamais Paca, ici c’est le Sud ! ».
Quelques jours avant la délibération de l’assemblée régionale, le préfet, Pierre Dartout, avait tout de même mis en garde la collectivité quant à l’utilisation qu’elle faisait de la dénomination « Région Sud ». Dans un courrier daté du 14 juin, il rappelait que le nom d’une région ne pouvait être modifié que par décret en Conseil d’Etat, et ce après consultation du conseil régional et des conseils départementaux intéressés.
Les textes officiels respectés… d’après la Région
Le représentant de l’Etat avait alors également remarqué que ladite marque était utilisée pour les extensions des mails des agents régionaux, comme pour le portail internet régional rebaptisé maregionsud.fr… ce qui dépasse clairement le cadre de la communication internationale.
Au conseil régional, on dit respecter le contrat, les délibérations et les textes officiels restant strictement estampillés « Provence-Alpes-Côte d’Azur ». L’institution précise également que les documents portant la seule mention du nom légal de la région continuent à être utilisés. La redéfinition du logo et les outils de communication ont été réalisés en interne. « Seule » une campagne de communication pour faire connaitre la Région Sud a été engagée pour un montant avoisinant les 500 000 euros.
L’opposition par la voix du Rassemblement national, ex Front national, parle, elle, « d’enfumage » et regrette que la notion de sud ne recoupe aucune identité. Une pétition lancée par un conseiller municipal du Parti provençal d’Aix-en-Provence a recueilli de son côté plus de 32 000 signatures contre le nouveau nom. Plusieurs maires ont en outre fait voter des délibérations contre l’usage de « Région Sud » et souhaitent manifester leur mécontentement lors du congrès des régions de France qui se tiendra à Marseille, le 27 septembre prochain.
Thèmes abordés
Régions