Un partage du gâteau : c’est l’idée que de «hauts responsables» de la Lyonnaise des eaux (groupe Suez) ont récemment suggéré à Jean-Luc Touly, président de l’association pour le contrat mondial de l’eau (Acme) et élu local (Verts) de l’Essonne, de promouvoir auprès de délégués de gauche du Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif).
En vue de l’échéance du marché en cours, qui aura duré de 1962 à fin 2010, le Sedif s’est prononcé, le 11 décembre 2008, pour le maintien d’une délégation au secteur privé du service d’eau potable. Avide de prendre pied sur le plus gros marché d’Europe (4 millions d’usagers), détenu depuis 1923 par son concurrent Veolia (sous diverses appellations), le groupe Suez plaide pour une séparation du marché en plusieurs lots, sachant que le maintien d’un service unique ferait le jeu du candidat sortant, qui en maîtrise les données techniques et économiques.
«Nombre d’élus de droite sont favorables à cette idée d’allotissement, il m’a été proposé de faire l’interface avec des élus de gauche, relate Jean-Luc Touly. En contrepartie de la séparation en lots du marché, ce dernier serait divisé en trois : la production revenant au public et la distribution étant répartie entre les deux acteurs privés», poursuit le militant écologiste et altermondialiste. Tout en dénonçant la pratique révélatrice d’un «marché vicié», Jean-Luc Touly se fera «porteur du message» de la Lyonnaise : «C’est la seule façon de relancer les dés et d’éviter que Veolia ne rempile sur un marché qu’elle aura détenu cent ans.»