Selon une étude publiée par l’INSEE, plus les propriétaires sont nombreux dans une commune, plus les demandeurs d’emplois se comptent en nombre. Un paradoxe puisque, dans la même note, l’institut estime que les propriétaires « sont moins souvent au chômage que les locataires ».
Déjà étudié par des chercheurs, ce phénomène s’explique par plusieurs causes. Au-delà du fait qu’être propriétaire traduit souvent une meilleure situation sociale, les propriétaires peuvent avoir un goût plus élevé pour la stabilité, qu’elle soit résidentielle ou professionnelle, remarque l’INSEE.
Moins d’offres d’emplois dans les communes qui comptent beaucoup de propriétaires
Autre explication : le manque de mobilité des propriétaires réduirait la fluidité du parc immobilier. « L’accès aux offres d’emploi serait rendu difficile dans les zones à forte densité de propriétaires où les logements vacants sont plus rares », souligne ainsi la note.
Ce constat n’en reste pas moins paradoxal dans la mesure où, « de façon générale, le chômage concerne davantage les locataires que les propriétaires ». L’INSEE a donc cherché à éclaircir ce paradoxe dans le contexte français.
Premier enseignement de ce travail : en France, le taux de chômage et la densité de propriétaires ont évolué de façon similaire de 1973 à 2013.
Il serait pourtant réducteur d’y voir forcément un lien de cause à effet. D’une part, « la construction et l’accès à la propriété ont été fortement soutenus sur la durée par des aides publiques nationales ». D’autre part, « le chômage de masse s’est développé (…), notamment depuis les chocs pétroliers des années 1970 ».
Oui, les propriétaires sont moins exposés au chômage mais…
Une autre précaution est également de rigueur. « Certaines zones, plus dynamiques que d’autres, constituent des creusets économiques où le chômage est faible, et savent attirer des populations s’y installant durablement. » L’INSEE a donc neutralisé ces paramètres pour avoir des résultats le plus fiable possible.
L’institut en tire plusieurs enseignements. Oui, « le taux de chômage est positivement lié à la densité de propriétaires dans la zone d’emploi : autrement dit, toutes choses égales par ailleurs, une augmentation de la densité de propriétaires s’accompagne d’une hausse du risque d’être au chômage ».
En outre, ajoute l’étude, « cet effet est d’une ampleur telle qu’il compense le simple fait que les propriétaires aient une moindre exposition au chômage.»
Le gouvernement veut encourager la mobilité professionnelle des locataires
La note détaille également plusieurs chiffres à retenir : « Une hausse de 10 points de la densité de propriétaires diminuerait d’une part le taux de chômage de 0,7 point environ (…) et l’augmenterait d’autre part d’environ 1,3 point ». Cet effet est deux fois moindre que celui estimé pour les États-Unis, remarque l’INSEE.
« Finalement, la résultante de ces deux effets sur le taux de chômage s’élèverait à + 0,6 point » conclut l’étude.
Ce travail intervient alors que le projet de loi Elan (Evolution du logement, de l’aménagement et du numérique) arrive en discussion au Palais-Bourbon. Cette note tombe d’ailleurs à pic pour le gouvernement. Son texte contient en effet un article créant le « bail mobilité », destiné précisément à alléger les contraintes locatives pour favoriser la mobilité professionnelle, comme le remarquent nos confrères de Localtis.
Références